« Il est choquant de voir qu’autant de personnes sont littéralement tuées par leur travail », s’attriste le Docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS. Le rapport de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de l’Organisation internationale du Travail (OIT), alerte-t-il, « est un signal d’alarme à l’intention des pays et des entreprises afin qu’ils améliorent et protègent la santé et la sécurité des travailleurs en honorant leurs engagements à fournir une couverture universelle des services de sécurité et de santé au travail. »
Selon ce rapport mondial de suivi relatif aux estimations communes de la charge de morbidité et des traumatismes liés à l’activité professionnelle sur la période 2000-2016 publié par l’OMS et l’OIT, la majorité des décès liés au travail étaient dus à des maladies respiratoires et cardiovasculaires.
Si à l’échelle mondiale, le nombre de décès liés au travail par habitant a diminué de 14% entre 2000 et 2016. Toutefois, les décès dus aux cardiopathies et aux accidents vasculaires cérébraux associés à l’exposition à de longues heures de travail ont augmenté respectivement de 41% et 19%. Ces chiffres témoignent d’une tendance à la hausse de ce facteur de risque psychosocial relativement nouveau.
En mai 2021, l’OMS et l’OIT ont publié la toute première étude quantifiant la charge des cardiopathies et des accidents vasculaires cérébraux attribuables à l’exposition à de longues heures de travail (soit 750 000 décès). Cette étude a établi que ce facteur de risque est celui qui entraîne la plus grande charge de morbidité liée au travail.
« Ces près de 2 millions de décès prématurés sont évitables. Il faut prendre des mesures fondées sur les recherches disponibles pour cibler la nature évolutive des menaces pour la santé liées au travail, a déclaré la Docteure Maria Neira, Directrice du département Environnement, changement climatique et santé de l’OMS. Assurer la santé et la sécurité des travailleurs est une responsabilité partagée par le secteur de la santé et du travail, tout comme le fait qu’aucun travailleur ne soit laissé pour compte à cet égard. Dans l’esprit des objectifs de développement durable des Nations Unies, la santé et le travail doivent œuvrer ensemble, main dans la main, pour faire disparaître cette charge de morbidité non négligeable.»
Les maladies non transmissibles étaient responsables de 81% des décès, dont les principales causes étaient les pneumopathies obstructives chroniques (450 000 décès), les accidents vasculaires cérébraux (400 000) et les cardiopathies ischémiques (350 000). Les accidents du travail étaient quant à eux responsables de 19% des décès (360 000).
L’étude examine 19 facteurs de risque professionnels, notamment l’exposition à de longues heures de travail et l’exposition sur le lieu de travail à la pollution atmosphérique, aux asthmogènes, aux agents cancérogènes, aux facteurs de risque ergonomiques et au bruit. Le risque principal était l’exposition à de longues heures de travail (environ 750 000 décès). L’exposition à la pollution atmosphérique (particules, gaz et fumées) sur le lieu de travail a provoqué 450 000 décès.
Ces maladies et les traumatismes liés au travail mettent les systèmes de santé à rude épreuve, font reculer la productivité et peuvent avoir un impact catastrophique sur les revenus des ménages, souligne ce rapport.
De plus, la charge totale de morbidité liée au travail est probablement beaucoup plus importante, car la détérioration de la santé imputable à d’autres facteurs de risque professionnels n’a pas encore été quantifiée. En outre, les effets de la pandémie de COVID-19 ajouterons une nouvelle dimension à cette charge, qui devra être prise en compte dans les estimations futures.
«Ces estimations fournissent des informations importantes sur la charge de morbidité liée au travail, et ces informations peuvent contribuer à l’élaboration de politiques et de pratiques visant à créer des lieux de travail plus sains et plus sûrs, a précisé Guy Ryder, Directeur général de l’OIT. Les pouvoirs publics, les employeurs et les travailleurs peuvent tous prendre des mesures pour réduire l’exposition aux facteurs de risque sur le lieu de travail. La modification des schémas et des systèmes de travail permet également de réduire ou d’éliminer ces facteurs de risque. En dernier recours, les équipements de protection individuelle peuvent eux aussi contribuer à protéger les travailleurs dont le travail ne leur permet pas d’éviter l’exposition.»
Photo Fabrice Savel.
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