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Travailler au futur

Entretien

Du métier de vivre au travail du poète

Entretien avec Thierry Renard par Christophe La Posta.

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Pour commencer cet entretien de façon presque classique, nous pourrions partir du début de l’histoire, de votre naissance le 14 août 1963, mais parlez-nous plutôt de vos naissances. Acteur, auteur, directeur artistique de l’Espace Pandora à Vénissieux, éditeur (Paroles d’aube, La passe du vent, La rumeur libre)… J’en oublie ?

Thierry Renard : Cela fait sans doute beaucoup pour commencer, mais allons-y. Je vais répondre, point par point. Depuis l’enfance, j’ai toujours eu plusieurs appartenances et, en effet, toujours eu plusieurs passions, pareillement. Et, dès que j’ai pu, j’ai mené de front plusieurs activités. L’écriture et, avec elle, la lecture, et aussi le théâtre, sont venus en premier dans ma vie.

J’ai d’abord écrit, et j’ai d’abord été comédien, dès l’âge de quatorze ans. Puis nous avons fondé, à quelques-uns, une revue, AUBE Magazine, une manière de tisser des liens avec les écrivains de notre temps et le petit monde littéraire, de l’édition. La revue, par la suite, nous a frayé un passage vers les éditions Paroles d’aube. Leur création s’est inscrite dans la droite ligne de ce que nous faisions déjà, chaque trimestre, avec AUBE qui, je le rappelle, avait été placé sous le signe de la poésie, avec Arthur Rimbaud, « J’ai embrassé l’aube d’été ».

Je ne peux pas ici tout raconter. Il y a l’aventure poétique, bien sûr, que je poursuis aujourd’hui, avec le soutien de quelques proches (grands aînés, auteurs amis, éditeurs fidèles). Écrire m’est vital. Il y a les lectures à voix haute, les quelques spectacles auxquels je continue de participer. Il y a mes activités d’éditeur qui prolongent, à mes yeux, les gestes de l’écrivain. Lire, écrire, éditer (les autres), tout cela relève pour moi d’un seul élan. Et il y a, encore, l’association Espace Pandora, « Agitateur poétique » en Auvergne-Rhône-Alpes, que je dirige avec bonheur. Tout cela se mêle, se confond.

Je n’ai pas parlé des rencontres. La plupart, déterminantes. Nous y reviendrons peut-être plus tard. Je n’ai pas parlé des ateliers d’écriture en milieu scolaire, pénitentiaire ou autre… Nous en parlerons aussi.

Ce qu’on peut dire, ce qui est vrai, c’est que j’ai toujours eu la chance, d’une part, de vivre de mes diverses passions (qui gravitent toutes autour d’un même centre) et, d’autre part, d’avoir pu gagner ma vie (comme on dit) en ayant un travail émancipateur. L’argent, le confort, cela pour moi vient après, est même secondaire. Même si, avouons-le, je n’ai jamais vraiment manqué de quelque chose. J’ai toujours mangé à ma faim et pu m’offrir des livres.

Des passions qui gravitent toutes autour d’un même centre. La littérature. Si nous zoomons un peu plus, nous voyons qu’en son cœur brûle la poésie. Pourquoi et comment choisit-on la poésie à quatorze ans ? Et surtout comment fait-on pour entretenir et garder la flamme ?

La littérature en général, certes, et la poésie, surtout, en particulier. Mais si vous m’autorisez une parenthèse, je vais essayer d’éclairer un peu mon propos. Je ne suis pas un littéraire, au sens strict du terme. Si j’avais poursuivi mes études plutôt que de me tourner vers le théâtre et la poésie, je ne serais pas devenu professeur de lettres, c’est sûr. Mon père, ouvrier dans le couloir de la chimie à Saint-Fons, et ma mère, employée (aide-comptable), fille d’immigrés italiens, rêvaient que je devienne historien. Pour eux : une manière de prendre une revanche sur les idées les plus obscures, les plus rétrogrades.

L’histoire m’a toujours passionné, en effet. Et je continue, aujourd’hui, d’étudier pour mon propre compte certaines périodes de l’aventure humaine. La Rome antique, notamment. Mais je me suis, aussi, beaucoup intéressé à la Guerre d’indépendance américaine, à la Révolution française, à l’unification de l’Italie et à toutes les luttes émancipatrices ayant traversé le 19e siècle et une partie du 20e.

Je referme la parenthèse. Et je reviens, maintenant, à nos moutons. Oui, la poésie est arrivée dans ma vie presque naturellement, dès le collège et grâce, tout d’abord, à une professeure de français qui m’en a ouvert les portes toutes grandes avec, je m’en souviens, la découverte de quelques poèmes d’Arthur Rimbaud.

La poésie, pour moi, c’est l’art suprême, l’abolition de la langue de bois et la prise de parole libre. C’est le sommet de l’expression. Je lis des romans, et j’en ai lu pas mal, mais souvent la fiction romanesque m’ennuie, me laisse sur ma faim. Je lis beaucoup d’essais, et je lis un peu tout ce qui me tombe sous la main : théâtre, nouvelles, récits. Mais ma préférence reste la poésie, la « première parole », parole des crêtes, parole libérée de ses chaînes…

Je ne pourrais vraiment pas me passer de poésie. Jamais ! La flamme qui me dévore, cet incendie en moi depuis plus de quarante ans, aucun pompier n’est parvenu à l’éteindre. Personne n’a jamais pu faire taire le poème qui s’exprime en moi. C’est mon vent de liberté !

Il y a de la lutte qui ressort de tout ça. Quelque chose à défendre, la recherche d’un idéal. Que visez-vous ? Il pourrait y avoir un risque avec trois métiers de s’éparpiller. Mais comme vous nous l’avez dit, ils se confondent. En quoi ces trois cordes à votre arc vous aident à toucher votre cible ?

J’aime la métaphore de l’arc et de la flèche. De l’arc tendu et de la flèche, envoyée, qui atteint le cœur de la cible. Cela me rappelle les dernières pages de L’Homme révolté, d’Albert Camus. Mais, entendons-nous bien, à mes yeux il n’y a aucune dispersion. Il ne s’agit pas pour moi de trois métiers différents, mais bien d’un seul et même travail. Le travail du poète, comme l’a écrit naguère Claude Roy, dans un livre que nous avions fait paraître.

Un seul travail, certes, mais avec plusieurs tâches à accomplir. Un travail, je le répète, émancipateur. Les risques d’éparpillement se situent ailleurs. L’unique cause que je défends, c’est celle de la parole poétique. Mon unique mission ? Tirer vers le haut celles et ceux maintenus dans les marges par les barrières mentales et les conditions sociales.

J’ai fait le choix, il y a longtemps, de demeurer à Vénissieux, en banlieue lyonnaise, et d’y inscrire mes actes les plus significatifs. L’Espace Pandora n’a pas bougé, lui non plus, en trente-cinq années. Et notre parcours commun, avec les différentes équipes qui m’ont accompagné, est intiment lié à cette ville où l’association fait office de lieu d’accueil et de centre de ressources.

La cohérence est ici, entière. Totale. Heureusement, j’ai tout de même souvent eu l’occasion de voyager, de traverser le monde. De m’échapper, quelquefois. Pour aller prendre l’air ailleurs, en d’autres terres, sous d’autres cieux. J’ai même parcouru, en rêve, des landes encore inexplorées. Oui, il y a l’urgence de la lutte, c’est évident, et les nombreuses embûches qui encombrent le chemin. Oui, il y a la poursuite d’un idéal, du bonheur terrestre, d’un monde enfin habitable. Libre.

Je voudrais terminer cette réponse par une citation de Karl Marx, qui me plaît beaucoup, tirée de son ouvrage, Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte : « La révolution sociale ne peut puiser sa poésie dans le temps passé, mais seulement dans l’avenir. » Je sais, je sais, tout ça est un peu chargé d’illusion lyrique.

C’est en banlieue que l’on dit trouver, en grande partie, le public empêché. Souvent les infrastructures sont là, mais il y a un manque de fréquentation. Pour commencer, est-ce vrai ? Et si oui, pourquoi ? Vous-même, vous êtes un enfant de Vénissieux, et vous avez réussi à vous épanouir dans ce monde littéraire. Était-ce plus simple avant ? Sur quoi et qui, vous êtes-vous appuyé pour vous hisser vers le haut ? Je vous tends une perche pour évoquer quelques rencontres phares.

Votre question a une vaste amplitude, ce qui va m’obliger à utiliser plusieurs axes pour mes réponses. Concernant le public empêché, c’est plutôt un non-public, un public que l’on ne parvient pas à capter, à captiver, voire à capturer, qui ne se sent pas autorisé à participer à des rassemblements artistiques, à des manifestations culturelles.

Pour intéresser ce non-public, il faut, tout d’abord, le décomplexer, lui démontrer, avec force et clarté, que les chemins de l’art et les chantiers de l’esprit ne sont pas seulement réservés aux initiés. C’est le premier acte. C’est un travail (une lutte ?) de tous les instants. Il faut parler, accepter le dialogue, les revers et les contradictions, puis surtout il faut convaincre. À notre niveau, je crois, nous nous y employons. Et, du côté des pouvoirs publics, des efforts sont fournis. Mais cela n’est pas toujours suffisant. Il faut sans cesse réinventer l’espérance. Mettre à profit tous les outils déjà en notre possession. Il faut savoir improviser. Il faut pouvoir surprendre et émouvoir. Tout cela passe par la médiation. C’est un métier à temps complet, une vocation, presque. Dans ce domaine, comme dans tant d’autres, jamais rien n’est acquis.

Pour ma part, comme je l’ai si souvent déclaré, j’ai eu beaucoup de chance. Ma famille, aux origines populaires, n’a jamais été hostile à la culture. Mon cousin, Patrick Vighetti, plus âgé que moi de deux ans, m’a toujours entraîné dans son sillage. Aujourd’hui, il est professeur de philosophie et traducteur de l’italien. Chez mes grands-parents, la musique était très présente. On écoutait Enrico Caruso, Georges Brassens, Jean Ferrat, Jacques Brel, Dalida, du jazz et de la variété italienne. Mon père lisait beaucoup, des livres d’histoire et des San-Antonio, notamment. Nous allions régulièrement au cinéma, avec ma mère, le jeudi après-midi. Et quelquefois au théâtre, même si c’était plus rarement, avec l’école ou le comité d’entreprise de l’usine. Puis, au collège, une professeure de français m’a fait rencontrer Rimbaud. J’ai découvert Camus, Kafka, Pavese, alors que j’étais en cure à Allevard, durant l’été de mes quinze ans. J’ai beaucoup lu moi aussi. J’ai dévoré. Puis une rencontre a été encore plus déterminante que les autres, celle avec l’écrivain Charles Juliet qui, très vite, m’a pris sous son aile et m’a aidé, m’a conseillé. Mes premiers véritables pas dans l’écriture, je les lui dois. Il demeure, aujourd’hui encore, mon maître.

Oui, les choses ont changé, depuis ma jeunesse. La réalité est plus complexe. Mais je ne suis pas de ceux qui prétendent que c’était mieux avant. Avant, c’était différent. Avant, j’étais jeune et vigoureux. Maintenant, j’ai mûri. Je réfléchis un peu avant d’agir et de me jeter, comme ça, dans la gueule du loup.

Ce qui a changé, sans doute, c’est que nous avons assisté dès les années 90 à un repli communautaire, à une perte de la mémoire collective et des principes républicains. Avec mes copains, à l’époque, nous avons presque tous pu bénéficier de l’ascenseur social – déréglé ou en panne, actuellement. Avec l’arrivée des nouvelles technologies, le développement de la société de consommation, l’individualisme s’est affirmé. Le monde ouvrier s’est, quant à lui, peu à peu effondré. Le chômage des masses a balayé les utopies de plusieurs générations… Aujourd’hui, il y a de nouveaux enjeux, une autre réalité. Mondiale, cette fois. Et immédiate. Mais c’est aussi ce qui fait tout l’intérêt de la mission, des causes qu’il nous faut défendre. Nous n’allons pas nous endormir sur nos lauriers, je vous le promets. Tout reste à faire.

Vivre en banlieue, c’est un peu comme vivre dans un territoire ou un département d’outre-mer. C’est être ailleurs, tenu loin du centre et des cercles limités du pouvoir.

Écrire en banlieue, c’est aussi « écrire en pays dominé » (le titre d’un livre de Patrick Chamoiseau). Mais je ne vous apprends rien, j’en suis sûr. Nous partageons ce constat. 

Vous dites de l’Espace Pandora qu’il est agitateur poétique, qu’il fait office de lieu d’accueil et de centre de ressources. Comment cette association tend à réduire la fracture culturelle ? Qui arrivez-vous à toucher de vos efforts ? Et avez-vous la chance de pouvoir mesurer les avancées ?

« Agitateur poétique » est un terme que je revendique pleinement, même s’il peut paraître, à certains, prétentieux. Cela fait plus de trente-cinq ans maintenant que l’Espace Pandora agite, en effet, tous les couvercles pour redonner la parole à ceux qui ne l’ont plus. Il nous a fallu, bien souvent, nous réinventer, car nous fréquentons des territoires incertains, quelquefois inexplorés. Nous sommes fragiles et forts en même temps.

Pandora, centre de ressources ? Là encore, c’est une vérité. Nous avons une bibliothèque unique, développant trois axes principaux : poésie, histoire et société. Des recueils de poèmes, des revues littéraires, des essais, des romans historiques, des manifestes, des ouvrages sur les mouvements sociaux, du théâtre… Et nous développons aussi des instruments électroniques pour faire circuler, en région notamment, l’information culturelle et artistique.

L’Espace Pandora reste un outil de promotion et de diffusion de la poésie dans tous ses états et sous toutes ses formes.

Oui, la première de nos missions consiste, sans aucun doute, à réduire la fracture culturelle. C’est pourquoi nous multiplions les actions (rencontre, ateliers d’écriture, résidence d’auteur) en direction des publics défavorisés. Prisons, centres hospitaliers, centres sociaux, établissements scolaires, missions locales, cela fait longtemps déjà que nous investissons les lieux qui échappent habituellement au « royaume » de l’imaginaire, de la libre expression, voire de la création. Bien sûr, il faut rester modeste –mais déterminé.

Vous parlez de mesurer les avancées…

Il y a la quantité des personnes que nous touchons : enfants, adolescents et adultes. Elle augmente plutôt, cette quantité, au fil du temps. Mais cela reste variable. Fragile, même. Nos efforts ne sont pas forcément toujours récompensés.

C’est ainsi. Il ne faut pas baisser les bras. Jamais ! Et il y a la qualité de ce que nous proposons. Et cela me ramène à l’engagement que nous avons pris en créant l’association, à la philosophie de notre projet.

Tirer vers le haut, je l’ai dit. C’est ce que nous souhaitons, en tout cas. Pour faire simple et pour faire court, il y a cette formule chère aux surréalistes qui nous accompagne depuis le début de l’aventure, double formule en réalité, empruntée à la fois à Arthur Rimbaud (changer la vie) et à Karl Marx (transformer le monde). C’est ambitieux, je sais bien. Mais il n’y a pas d’autre voie à mes yeux. Les plus démunis d’entre nous méritent tout le meilleur.

Restons encore un peu avec l’Espace Pandora. Avez-vous un souvenir emblématique, un moment marquant qui vous a conforté dans : « Tout ça n’est pas pour rien » ? Ça, c’est pour le passé. Et, pour le futur, une action inédite que vous voudriez mettre en place ?

On ne fait jamais tout ça pour rien. Tout ça, c’est déjà beaucoup. Même si, comme je l’ai dit, les revers peuvent être nombreux et les réussites très incertaines. Il y a toujours une porte au bout des chagrins et des peines.

Une porte ouverte sur l’espoir et sur le reste du monde et du voyage. Un fait marquant, vous dites ? Au moins deux me viennent à l’esprit. Il y a la première fois où je suis retourné au collège Jules-Michelet, une dizaine d’années après en être parti, pour y animer un atelier d’écriture. Ce fut pour moi un événement unique et plein d’émotions. À l’époque, dans la classe de quatrième où j’étais invité, j’ai retrouvé les petits frères et les petites sœurs de mes anciens camarades d’école. Un choc, un saut dans le temps. Pandora venait de réellement commencer sa périlleuse mission d’émancipation. J’étais connu et reconnu dans les quartiers, j’avais un nom. J’étais devenu le poète des Minguettes.

À l’époque, encore, radios et télés s’intéressaient beaucoup à nous. Une voie s’était enfin ouverte devant nous. Quant au second souvenir, il est plus collectif, mais tout aussi marquant. Un autre choc. Une autre première fois. La venue du philosophe Jacques Derrida au cinéma Gérard-Philipe, à l’occasion de la parution, à notre enseigne, du Manifeste pour l’hospitalité. Une soirée inoubliable. Discussions passionnées. Paroles et musique, avec le chanteur Malik, autre artiste du plateau.

La salle était pleine à craquer. Chaleur humaine et nourritures terrestres également au rendez-vous. Derrida, très ému ce soir-là, a accepté de revenir se joindre à nous à deux autres reprises : à l’Espace Pandora pour une master class philosophique, avec des étudiants de l’Université Lyon 2 et de la Faculté de Philosophie ; au théâtre de Vénissieux, pour une conférence à deux voix avec le sociologue Michel Wieviorka.

Derrida, né en Algérie, se sentait très à l’aise parmi nous. Homme d’une immense culture et d’une grande simplicité. Homme d’une naturelle bienveillance. Nous avions d’autres projets d’ouvrages et de rencontres, avec lui. Il est, hélas, mort beaucoup trop tôt, en 2004.

Parmi les rêves qui me hantent pour le futur, il y aurait la mise à disposition, par la Ville, d’un lieu plus vaste (j’ai déjà ma petite idée), pouvant accueillir davantage de public et pouvant permettre, aussi, la présentation de formes hybrides, poétiques et musicales, de performances théâtrales, de projections, d’enregistrements sonores ou visuels… On garderait, bien sûr, notre espace actuel, mais avec une extension.

Un Pandora dédié au livre et à la lecture, comme c’est déjà le cas, aujourd’hui. Un Pandora : salle de spectacle et studio de captations… À mon sens, c’est un rêve réalisable, mais qui demande un soutien politique réaffirmé. Enfin, après trente-cinq ans d’actions poétiques incessantes, je pense qu’il est dès à présent possible d’envisager la réalisation d’un long-métrage documentaire dont le sujet serait, justement, l’association Espace Pandora en son parcours – de la médiation de terrain à la manifestation de plus grande envergure. Quelque chose de cet ordre-là.

Pour un monde en meilleur ordre (ou en harmonieux désordre), il faut donc faire circuler la littérature, rendre accessible la culture. Je ne vous demande pas de formule magique, mais que doit dire un livre pour compter ? Et quels sont ceux qui ont marché sur vous ?

Je pourrais citer un texte de Charles Juliet, Lire un bon livre, tiré de Trouver la source, ouvrage de fragments, de poèmes et d’entretiens, que nous avons fait paraître.

Dans cette courte prose, Juliet nous donne à partager sa passion pour la lecture. En quelques mots, il nous entraîne avec lui dans sa boutique idéale, la librairie. Un livre, ce n’est pas seulement une source d’émotions, de réflexions, c’est un objet à toucher, à sentir. Ce texte, je l’ai lu et relu, maintes fois. J’aimerais tellement que tout le monde puisse faire de même. Lire un bon livre. C’est ça l’affaire, la chose essentielle à mes yeux. Pas un travail, non, une simple activité humaine. La lecture est irremplaçable.

Pour vraiment compter, un livre doit répondre à quatre exigences principales : la dimension émotionnelle, la dimension intellectuelle, la dimension spirituelle et la dimension sensuelle. Mettez-les dans l’ordre que vous voulez. D’une certaine façon, et c’est une image, il y a là les quatre éléments qui alimentent toute existence : la terre, l’air, l’eau et le feu.

Un bon livre, pour moi, c’est ça. Le reste, c’est de la littérature. Le genre importe peu. La narration, l’évocation, les personnages, les descriptions, l’agencement des mots, vers ou prose, la syntaxe, même, c’est de la technique, du savoir-faire, du pur style.

La nécessité vient d’ailleurs. De notre néant singulier. Du plus intime. Du dedans, mais aussi quelquefois du dehors. Ne dit-on pas, par exemple, que les voyages (le monde extérieur) forment la jeunesse…

Parmi les livres, déjà anciens, qui ont durablement bouleversé ma vie, on peut noter, notamment, et dans le désordre : Les Souffrances du jeune Werther, de Goethe ; Le Portrait de Dorian Gray, d’Oscar Wilde ; Le Docteur Jivago, de Pasternak ; Le Premier Homme, L’Envers et l’endroit, La Chute, d’Albert Camus ; Les Feux, de Raymond Carver ; Le Mauvais sort, de Beppe Fenoglio ; L’Amant, de Marguerite Duras ; Requiem, d’Anna Akhmatova ; Plupart du temps, de Pierre Reverdy ; La Rage, Qui je suis., de Pier Paolo Pasolini ; Une Saison en enfer et Les Illuminations, de Rimbaud ; Nadja et L’Amour fou, d’André Breton ; Lettres à un jeune poète, de Rainer Maria Rilke ; Travailler fatigue, bien sûr, de Cesare Pavese… les poèmes de Yannis Ritsos, de Nazim Hikmet, de Walt Whitman, de Paul Éluard, de Blaise Cendrars, de René Char, de Pessoa… les proses de Stefan Zweig, d’Alberto Moravia, d’Elsa Morante, de Leonardo Sciascia… Mais il y a aussi Laclos, Beaumarchais, Denis Diderot, et tant d’autres, encore. Il y a les livres et il y a leurs auteurs, indissociables. Je stoppe ici. Ma liste est, bien sûr, très incomplète. Mais on peut dire que tous ces livres ont « marché sur moi ». Tous sont traversés par le souffle puissant des quatre dimensions évoquées tout à l’heure.

Comment l’éditeur trouve-t-il ce bon livre, comment le défend-il, combien d’efforts pour le faire exister dans les bibliothèques du public ? D’ailleurs à quoi ressemble le public du livre en général et, plus particulièrement, en cette période de pandémie ?

Pour certains de mes confrères, seul le texte compte, et uniquement le texte – j’insiste. De mon côté, ne me considérant pas comme un éditeur à part entière, j’ai besoin de me faire une idée de celle ou de celui qui se cache derrière les mots. J’ai besoin, quand cela est envisageable, de rencontrer la personne, de sentir ce qui se dégage d’elle.

Il y a beaucoup de talents dispersés, en ce vaste monde. Ce qui, pour moi, fait la différence, c’est l’authenticité. Encore une phrase de Charles Juliet, citée de mémoire : « Le véritable talent ne se mesure qu’à l’authenticité ». Un bon livre, c’est un livre à l’épreuve du réel et dont l’auteur est porté par l’existence qu’il mène… et, aussi, poussé vers la rencontre.

Pour moi, dénicher le bon livre, c’est d’abord découvrir le bon auteur. Et peu importe le genre choisi…

Quant à la question du public, ma réponse rejoint celle qui concerne l’action culturelle et la médiation. Il faut savoir rester à la fois modeste et déterminé – surtout en matière de diffusion d’ouvrages poétiques.

Concernant les livres vendus en librairies, la visibilité n’est jamais très importante… évidente. Peu de retours nous parviennent de nos amis libraires. Peu d’encouragements, pareillement. Quelquefois, certains noms (plus connus que les autres) remontent à la surface, et c’est tout. C’est ce qui a le plus changé, d’ailleurs, en plus de trente années d’activité. De très nombreux ouvrages voient le jour, bien davantage qu’auparavant. Il y a donc moins de temps pour l’échange. Et la poésie (tout comme le théâtre) est maintenue dans les marges médiatiques.

Là où la visibilité reste la meilleure, c’est lors des rencontres entre les auteurs et le public, sur les salons, dans les festivals ou les manifestations littéraires. Là, il y a une réelle circulation – des paroles et des idées. Un vrai échange ! Mais cela n’empêche pas de fournir des efforts. Je le confirme, rien n’est jamais acquis. Il faut savoir improviser, il faut pouvoir argumenter.

En ces temps de pandémie, hélas, nous devons aussi nous réinventer (nous réadapter), chaque jour, presque… et à chaque heure du jour. Pour repousser les frustrations. Pour affirmer nos convictions. L’existence n’est certes pas un long fleuve tranquille.

Je vais maintenant m’adresser à l’auteur. Après tant de temps passé à faire vivre les écritures des autres où trouvez-vous le temps pour la vôtre ? Par quel processus, quelle routine, arrivez-vous à tenir un rythme ? Et comment défend-on un livre fraîchement publié ?

Vous me permettez de me retrouver un peu, au milieu de mes carnets, de mes cahiers… Et d’évoquer mon propre travail d’écriture. De poète. Vous parlez de routine, le mot m’a d’abord surpris. Mais c’est bien de cela qu’il s’agit. J’écris presque quotidiennement depuis l’âge de quatorze-quinze ans. Et si je me penche sur l’ensemble de mes recueils parus, sur tous mes ouvrages pas encore publiés, je dois me rendre à l’évidence. Je tiens, à ma manière, une sorte de journal intime, en vers et en prose.

L’écriture est le miroir, à la fois réel et fictif, de mon existence. J’écris ma vie, au jour le jour. Mais avec une petite musique, en toile de fond. J’écris à voix haute, pour me faire entendre. Pour exprimer ce qui se terre en moi : émotions, passions, sentiments… Il y a aussi ce que je ressens, au plus intime. Mes idées, ma pensée. Les réflexions qui m’accompagnent sur la route. C’est très personnel, tout ça, et pourtant j’espère qu’il y a derrière ce geste, l’acte d’écrire, un chant d’une portée universelle.

Ne partageons-nous pas les mêmes joies, les mêmes chagrins… les mêmes élans et les mêmes frustrations… face, notamment, au grand vide qui nous hante.

J’ai toujours un carnet sur moi, je prends des notes, un peu partout et à n’importe quel moment. Mais, le plus souvent, j’écris le soir, une fois la maison endormie. Et, quand les beaux jours reviennent, il m’arrive aussi d’écrire le matin tôt.

Plus je vieillis, d’ailleurs, et plus mon écriture est matinale. J’écris sous la lampe du soir ou dans les lumières de l’aube.

Habituellement, pour assurer la promotion de mes livres, je suis invité sur des salons, je participe à des lectures publiques. C’est d’abord là que ça se passe. Dans l’échange avec le public. Je l’ai dit, je suis un auteur à voix haute, et j’aime être accompagné de musiciens, de comédiens. Et je publie également assez régulièrement dans des revues ou des anthologies. Cela me permet de faire circuler mon nom, de tester certains poèmes avant leur parution en recueil. Quand les deux premiers tomes de mes Œuvres poétiques ont été publiés (en 2016 et en 2018) à l’enseigne de La rumeur libre, grâce à la volonté d’Andrea Iacovella, j’ai pendant plus de deux ans de nouveau été très sollicité : festivals, salons, manifestations d’envergure : Saint-Malo, Paris, Albi, TNP de Villeurbanne, Chengdu, Montréal, Bamako, Alger, Chicago…

Depuis mars 2020, tout s’est un peu arrêté. C’est le contexte sanitaire qui veut ça. J’attends le retour de la lumière, et de retrouver toute ma liberté, afin, de nouveau, de pouvoir reprendre le chemin de la scène.

Que n’avez-vous pas encore dit ? Que ce soit dans un livre, sur une scène ou à travers vos autres métiers, quel message reste à partager, quelle histoire voudriez-vous raconter ?

Ce que je n’ai pas encore dit ? L’essentiel, peut-être. Ai-je toujours, après toutes ces années, un message à transmettre ? J’espère bien que oui.

Alors, qu’ai-je à dire désormais ? Et quel message faire passer ? Je crois profondément à la possibilité d’un avenir meilleur, même en ces temps de pandémie, de crimes abominables, de dérive populiste, de crise identitaire et de repli communautaire. Je crois à l’éducation, à la culture, donc à l’émancipation et au libre arbitre. Et je crois, surtout, à la devise républicaine, naïvement mais sûrement. Ça c’est pour l’horizon dégagé, pour le bonheur commun. C’est ma volonté de partage et d’utopie.

Plus modestement, j’aimerais beaucoup écrire pour le théâtre, rédiger un essai littéraire et, aussi, un récit autobiographique où se mêleraient humour, détachement de soi et totale ouverture sur le monde du dehors.

Dans ce dernier projet seraient mis en avant les jardins enfin retrouvés de mon enfance heureuse. Je voudrais raconter mes vacances dans le Sud, mon amour de l’Italie, la bonne cuisine familiale, les plages du bord de mer en été, les montagnes enneigées, les blagues les plus ridicules, les premiers pas amoureux, la légèreté de l’âme sous le soleil des justes… mon communisme sentimental et certainement ringard, en tout cas forcément décalé.

Je voudrais dire combien m’est chère la langue française. Combien j’aime jouer avec elle, la murmurer, la prononcer, la déclamer. Je voudrais redevenir, le temps d’un One-man-show, le valet de comédie, le saltimbanque que je fus sur les planches de ma jeunesse.

Quant à mes autres activités, d’éditeur et d’acteur culturel, je voudrais encore les déployer. Concernant les éditions ? Au sein de La rumeur libre, où va se développer dorénavant notre projet éditorial. Concernant l’Espace Pandora ? En assurant enfin la pérennité de l’association. Et puis, cher Christophe, il y a tous ces livres non encore lus, ces œuvres qu’il me reste à découvrir. Mon métier de vivre reste une tâche inachevée.

Ma madeleine de Proust à moi : le jardin ouvrier de mon grand-père, de l’autre côté du boulevard périphérique ; la pasta della mamma.

 « La poésie n’est pas un métier ! » Peut-être avez-vous déjà entendu cette phrase. Est-elle le reflet de notre façon de voir la culture ? Et si malheureusement, enfant, elle vous avait convaincu, quel métier auriez-vous exercé ?

Vous savez combien j’apprécie Arthur Rimbaud. Tout Rimbaud. Vers et proses confondus. Surtout les proses, indépassables, à la fois tellement familières et aussi tellement violentes face à la réalité sans fard du monde existant.

Et il y a cette formule, dans Une Saison en enfer, qui m’a toujours frappé : « J’ai horreur de tous les métiers. Maîtres et ouvriers, tous paysans, ignobles. La main à plume vaut la main à charrue. – Quel siècle à mains ! – Je n’aurai jamais ma main. » Ces quelques mots sont la meilleure réponse à ceux qui inlassablement répètent, justement, que le métier de poète n’en est pas vraiment un. Les artistes sont des paresseux, nous le savons bien…

Plus sérieusement, Arthur Rimbaud revient ici sur la notion de travail, pleine de clichés, surtout au dix-neuvième siècle, siècle d’industrialisation rapide, d’aliénation forcée, de révolutions manquées (les Trois Glorieuses, 1848, la Commune de Paris) et d’évidentes contradictions.

Rimbaud s’insurge contre les lieux communs, rejette toutes les idées reçues. Rimbaud renvoie dos à dos la victime et le bourreau, le maître et l’esclave. Rimbaud n’aime ni les épargnants ni les boutiquiers, petits ou gros. Et, surtout, il déteste la bourgeoisie, les héritiers et les rentiers…

Gagne-t-on sa vie, avec la poésie ? Pour être honnête, je ne pense pas. Ou en de très rares occasions. Prévert, sans aucun doute, grâce au cinéma et à la chanson. Mais ce n’est pas vraiment la question.

Être poète, c’est d’abord un état d’esprit, un état tout court, une manière d’habiter le monde. D’arpenter, en même temps, ses terres les plus arides et les plus fertiles.

Pour ma part, je vous l’ai dit, j’ai jusqu’à présent eu beaucoup de chance dans l’existence. Mes parents m’ont d’abord encouragé dans ce que je comptais entreprendre. Et puis il y a eu toutes les belles rencontres de ma vie. Enfin, j’ai toujours eu plusieurs cordes à mon arc artistique.

Si je n’avais pas vécu comme j’ai vécu, je crois que j’aurais choisi le métier d’avocat. C’est un noble métier, riche de sens et plein d’engagements.

L’éloquence de l’avocat se rapproche un peu de celle du comédien ou de l’écrivain. D’un côté, le discours amoureux, la parole poétique et, de l’autre, la défense en somme de la condition humaine.

Avocat, oui, cela m’aurait tenté… Et cela me tente encore, quelquefois. Il m’arrive d’y penser.

Il est peut-être trop tard pour devenir avocat, mais vous avez encore beaucoup de temps devant vous pour imaginer plus de place à la poésie. Finissons donc cet entretien en parlant d’avenir. Avez-vous un plan de carrière ? D’autres angles de vos métiers à explorer ? Ou une toute autre piste ?

Encore beaucoup de temps devant moi ? Oui, je l’espère… Mais de plan de carrière, non, cela serait ridicule, surtout en ces temps de jeunisme un peu exalté. Je vais avoir cinquante-huit ans, un bel âge, certes, mais un âge certain. Ce qui ne m’empêche pas d’avoir, toujours, des perspectives en tête. Je n’ai pas fini d’explorer tous mes domaines de prédilection. L’écriture, bien sûr, au premier plan. L’édition, cela va de soi. Continuer aussi, dans la mesure du possible, à animer des ateliers d’écriture, ici ou là. À organiser des rencontres avec le public – après la pandémie.

Et puis il y a ce vieux rêve, que je ne parviens pas à réaliser, par manque de temps et peut-être d’énergie : créer un réel « espace » de formation et de création autour de trois axes principaux, la lecture, l’écriture et la mise en voix… avec des ateliers de pratiques artistiques complémentaires, écriture scénique, poétique et théâtrale, lecture à voix haute, scénographie de spectacles ou de performances.

Tout cela manque cruellement à Vénissieux. Et si nous voulons, toujours dans l’esprit d’élargir le cercle des initiés, sensibiliser la jeunesse de nos cités à l’expression artistique, cela prend vraiment tout son sens.

À Vénissieux, la culture est présente et bien représentée. Nous disposons déjà d’une médiathèque et de plusieurs bibliothèques, d’une école de musique, d’un cinéma, d’un centre d’art et d’un théâtre. Mais il nous manque un véritable lieu pluridisciplinaire (une Maison des mots), de formation et de libre expression, autour des mots, de la langue et de ses usages, des plus classiques aux plus contemporains, un lieu où l’on célébrerait aussi bien Molière que Rimbaud, Marguerite Duras que Charles Juliet, sans aucune démagogie mais avec ferveur, ténacité.

Ce lieu pourrait être une réponse de haut niveau à celles et à ceux qui, inlassablement, s’en prennent aux valeurs de la République et à la laïcité. Un trésor de guerre contre la médiocrité. Contre, à la fois, la misère sociale et l’obscurantisme. Un havre de paix, de tolérance et de créativité. Une île du bout du monde.

Un endroit où aller. Cela demande des moyens et un peu de travail, c’est entendu. Les moyens, il faut aller les chercher. Quant au travail, il s’agit là encore d’un travail émancipateur, réparateur, même. Un travail salutaire. Et il est, je pense, à notre portée.

Vénissieux, du 17 janvier au 12 février 2021

Thierry Renard est né le 14 août 1963 à Lyon. Mère d’origine piémontaise, employée, décédée en 2019. Père lyonnais, ouvrier, décédé en 2008. Études secondaires au lycée Jacques-Brel de Vénissieux. Ancien élève du Conservatoire d’art dramatique de Lyon. Il s’est fait remarquer, dès 1978, dans la région Rhône-Alpes – en tant que comédien, poète et animateur de revue.Il a longtempspartagé sa vie entre l’écriture, le théâtre et de très nombreuses autres activités artistiques. Il est aujourd’hui directeur de l’Espace Pandoraà Vénissieux (Rhône), lieu de diffusion et de communication de la poésie.

Après avoir animé le magazine poétique AUBE (1978-1998), après avoir été le directeur littéraire des éditions Paroles d’aube jusqu’au printemps 1998, Thierry Renard a rejoint les éditions La passe du vent en qualité de responsable littéraire. Il est, également, l’un des quatre fondateurs de l’Espace Pandora – avec Sylviane Crouzet, Olivier Fischer et Patrick Vighetti. En 2009, il succède à Jean-Pierre Siméon à la présidence de la Semaine de la poésie de Clermont-Ferrand et il est élu vice-présidentde l’Agence Rhône-Alpes pour le livre et la documentation (ARALD). Aujourd’hui, il est le directeur de la rédaction de la revue semestrielle RumeurS, actualité des écritures, pour le compte des éditions La rumeur libre.

Il a écrit des préfaces pour des amis écrivains : Emmanuel Merle, Jean-Michel Platier, Francis Pornon, notamment. Et a aussi réalisé des entretiens : Lionel Bourg, Abraham Bengio, Serge Pey, Yvon Le Men, Jean Rouaud, Patrick Chamoiseau, Laurence Nobécourt, Jeanne Benameur… Sa rencontre avec l’écrivain Charles Juliet, dès 1978, fut pour lui déterminante.

Officier des Arts et des Lettres, promotion du 14 juillet 2013.

Ouvrages publiés (sélection) :

Les Écritures rouges, Éditions Aube, 1989
Dans la braise de tes yeux, Nouvelle édition Pleine Plume, 1990
La lune machin, Verso, 1990
Le fait noir, préface de Patrick Laupin, Éditions Paroles d’aube, 1993
Autre chose que le jour, photographies de David Anémian, préface de Lionel Bourg, Éditions Déclics et des Claps, 1995 ; Prix du conseil général du Rhône
Pour L.B, Éditions Wigwam, 1996
L’injustice commence là, Éditions Bérénice, 1998
Maintenant la nuit, collages de Lionel Bourg, Éditions Cadex, 1998
L’espérance récompensée, collages de Philippe Bouvier, préface de Jean-Pierre Spilmont, Éditions Bérénice, 2000
Il neige sur ta face, préface d’Éric Mèle, Éditions Le bruit des autres, 2001
L’Éclosion du coquelicot, préface de Jean Charlebois, Éditions le dé bleu/Écrits des Forges, Centre Poétique de Rochefort-sur-Loire, 2002
Citoyen Robespierre, feuilleton radiophonique, préface de Valère Staraselski, Éditions Bérénice, 2004
Chaman, avec Bernard Giusti et Jean-Michel Platier, Éditions Bérénice, 2004
Seule la révolution fait le beau temps, tombeau de monsieur Guy Debord, Éditions Bérénice, 2005
Neptune Mambo, textes écrits pour la voix, Éditions Bérénice, 2006
Sira kan, avec le photographe Marc Buonomo, collection Cartes d’embarquement n°1, Éditions La passe du vent, 2007
Plus vivants que jamais !, collage de Sonia Viel, Éditions Rafael de Surtis, 2008
Le Martyre de Blandine, photographies de Benoît, Éditions La passe du vent, 2008
Va, respire d’autres lumières. La seconde vie de Rogelia Cruz, Éditions Le bruit des autres, 2008
La Traversée du jour, préface de Charles Juliet, Éditions Bérénice, 2010
Un monde à l’envers, avec Ahmed Kalouaz, préface d’Yvon Le Men, Éditions Le bruit des autres, 2010
Crever la route, avec Jean-Michel Platier, dessins de Roxane Maurer, Les Cahiers de l’indocile, 2011
Les poussières du vent se lèvent tôt, avec Joël Bastard, photographies de Michel Calzat, Éditions La passe du vent, 2012
Canicule et Vendetta, Éditions Le bruit des autres, 2013
La Chance d’un autre jour, avec Emmanuel Merle, préface de Claude Burgelin, collages de Sonia Viel, Éditions La passe du vent, 2013
Cargo Vénus, illustrationsd’Olivier Fischer, de Patrick Rana-Perrier, Julie Perin et Sonia Viel, collection ArtSquare, Jacques André éditeur, 2015
I Travel the World, anthologie personnelle (2006-2015), poèmes traduits en langue anglaise par Antonio D’Alfonso, Ekstatis Editions (Canada), 2015
Œuvres poétiques, tome 1, Éditions La rumeur libre, 2016
Cannibale Bambou, collages de Sonia Viel, Éditions Gros textes, 2016
Œuvres poétiques, tome 2, Éditions La rumeur libre, 2018
La Nuit est injuste, Éditions La rumeur libre, 2018
L’Amer du Sud, avec Dimitri Porcu, préface de Giacomo Casti, édition bilingue, Éditions La passe du vent, 2019
Un zgomot lasat de vânt, préface d’Yvon Le Men, traduit en roumain par Christian Penes, Eikon (Roumanie), 2019
Addictus, photos de Jean-Claude Chuzzeville, édition bilingue, traduite en italien par Julie Dorille, collection ArtSquare, Jacques André éditeur, décembre 2020

Christophe La Posta
Né en 1979 d’une mère française et d’un père italien, il vit depuis toujours à Vénissieux. De la génétique à joueur de basket-ball en national et entraineur de jeunes, animateur périscolaire, déménageur, professeur de soutien scolaire, et depuis longtemps l’écriture en arrière-plan. Depuis quelques années c’est elle, l’écriture, qui prend le dessus, d’abord par la formation du groupe Avis Contraire (à retrouver sur SoundCloud et Facebook) avec son frère et, ensuite, elle le guide jusqu’à son nouveau métier, chargé de la médiation culturelle à l’Espace Pandora. Pour la première fois en 2020, il voit quelques-uns de ses textes publiés. On n’est pas là pour se faire engueuler, anthologie en hommage à Boris Vian, Éditions La passe du vent, novembre 2020 ; revue Rumeurs N°8, Éditions La rumeur libre, novembre 2020.

Photo Jamel Morghadi.

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