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La santé mentale des salariés demeure très dégradée

La 10ème vague du baromètre de la santé psychologique des salariés Français réalisé par OpinionWay pour le cabinet Empreinte Humaine revient particulièrement sur l’état des salariés à l’aune d’une actualité anxiogène.

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La santé mentale des salariés demeure très dégradée avec 41% d’entre eux qui se déclarent en détresse psychologique et 2,5 millions de personnes en burnout sévère. En cause, classiquement le télétravail qui contrairement aux espérances ne s’est pas si bien installé en entreprise et pour les collectifs de travail, le manque d’actions des entreprises autour des conditions de travail en faveur de la santé psychologique. La nouveauté importante se trouve dans les nouvelles contraintes économiques qui font l’actualité autour des difficultés de pouvoir d’achat et des perspectives d’allongement de la vie professionnelle. Ces items deviennent des facteurs de risques importants pour la santé mentale des salariés.

Les principaux indicateurs du 10e baromètre de la santé psychologique des salariés Français du cabinet Empreinte Humaine :

La détresse psychologique des salariés reste à un niveau élevé

Les indicateurs de l’état psychologique des salariés demeurent très inquiétants, ainsi la détresse psychologique des salariés français s’établit à 41% (=) dont 14% élevée (+1 pts). Ce sont au total 34% (=) des salariés qui sont en burnout dont 13% en burnout sévère soit 2 500 000 personnes.

« Depuis deux ans et demi, nous atteignons des niveaux de burn-out sévères qui sont trois fois plus importants comparativement à l’avant COVID-19. Ce trouble psychosocial est spécifique aux salariés. Les arrêts maladies pour motifs psychologique risquent de continuer à augmenter dans les prochains mois avec un coût pour l’entreprise mais également pour la société dans son ensemble » s’alarment Christophe Nguyen, psychologue du travail et président d’Empreinte Humaine, et Jean-Pierre Brun, co-fondateur d’Empreinte Humaine et expert conseil.

Les managers, les jeunes, les femmes toujours les plus touchés

Les populations les plus à risque demeurent les jeunes avec 59% des moins de 29 ans (+5 pts), les femmes qui pointent à 46% (- 1,5 pts) et les managers à 43% (+10 pts), de situation de détresse psychologique.

Le télétravail encore en demi-teinte

Alors qu’il a été très largement célébré, 1/3 des salariés interrogés déclarent que le télétravail n’est pas totalement bien installé dans leur organisation et la moitié d’entre eux pensent qu’il reste de nombreuses choses à régler pour bien mettre en place le télétravail dans leur organisation. Enfin 1/3 des managers déclarent que le télétravail les empêche de bien manager et 4/10 déclarent comme une difficulté le fait de ne pas voir le travail se réaliser en télétravail.

Un climat de travail plus difficile depuis la crise sanitaire

Montée de l’individualisme et effritement des collectifs de travail, sont les 2 héritages de la période fréquemment évoqués par les managers.

Les salariés sont ainsi 43% à trouver que leurs collègues sont plus individualistes qu’avant et 35% qu’il y a plus de conflits. L’état de la population générale a bien entendu un impact sur l’agressivité que beaucoup dénoncent de la part des usagers, clients ou patients : ils sont ainsi 55% que les clients, patients, usagers sont plus agressifs. La question de l’augmentation de la charge de travail, parfois favorisée par le télétravail et le contexte de crise est présente pour 59% des salariés qui déclarent qu’on leur demande de plus en plus en termes de charge de travail. Ils sont enfin 39% à déclarer qu’on leur donne des objectifs sans donner le sens ni l’utilité.

Actions pour la santé psychologique des salariés, les directions générales à la peine

Seuls 28% des salariés français estiment que la direction de leur entreprise est réellement impliquée dans la prévention des risques psychosociaux et seuls 34% à penser que leur direction se rend compte de l’ampleur du niveau de fatigue de leurs salariés. En conséquence 75% d’entre eux veulent que leurs organisations fassent des bilans pour connaître l’état de bien-être de leurs salariés (questionnaires, enquêtes, sondages etc…)

Conditions de travail : une exigence pour préserver la santé mentale des salariés

Disposer d’un travail est pour 83% des salariés, un facteur positif pour la santé mentale, 2/3 d’entre eux sont plus exigeants quant aux conditions de travail qui pourraient entraîner des conséquences sur leur santé psychologique. 60% des salariés considèrent que les conditions de travail doivent s’améliorer et 69% d’entre eux se déclarent plus exigeants sur la lutte contre le harcèlement moral ou sexuel au travail à l’avenir.

« Ces résultats montrent qu’il faut agir avec force sur les conditions de travail. En dépit d’une flambée des risques psychosociaux, les salariés estiment qu’il existe encore trop peu d’implication sur des actions de prévention de la part de leur direction générale. 2/3 des salariés déplorent qu’elles ne prennent pas la mesure de l’état de fatigue générale de leurs troupes. Au-delà de la documentation de la détérioration de la santé mentale, par des bilans, des diagnostics les salariés Français attendent des actions d’accompagnement adaptées. Pas de simples rustines, mais des actions concrètes sur l’organisation et les conditions de travail. Les entreprises pensent agir quand elles mettent en place des sessions de relaxation, de nutrition etc… Or les salariés exigent clairement une amélioration des conditions de travail. Pas comment ils peuvent mieux dormir. » poursuit Christophe Nguyen

Un nouveau rapport au travail qui se confirme et des perspectives d’évolution de carrière moins attrayantes

Parmi les salariés interrogés :

  • 55% disent avoir un rapport différent à leur travail
  • 37% n’ont pas envie de refaire le même travail qu’avant la crise
  • Pour 31%, la crise a été un révélateur qu’ils n’étaient pas bien au travail
  • 6/10 ne croient plus aux promesses d’évolution de carrière dans leur organisation
  • 7/10 ne souhaitent pas devenir manager car cela ne leur plairait pas
  • 7/10 le métier de manager est devenu de plus en plus difficile
  • 1/3 des managers regrette d’être devenu manager

« Devenir manager ne fait plus envie. Leur rôle s’est complexifié et est devenu plus difficile. Il est urgent que les organisations s’occupent des managers et les accompagnent. La promesse d’évolution sur le long terme semble avoir pris du plomb dans l’aile dans un contexte d’incertitude. Les collaborateurs ont vu l’état des managers et leurs conditions de travail, beaucoup n’ambitionnent plus de le devenir un jour. 1/3 des managers regrette même d’être devenu manager ! Le jeu n’en vaudrait plus la chandelle ? Cela peut poser des problèmes à termes d’attractivité et de rétention des talents. » déclare Christophe Nguyen.

Les salariés candidats au départ de plus en plus nombreux

37% des salariés déclarent vouloir partir de leur organisation/ entreprise (+7 pts) parmi ceux-là 46% voulaient déjà partir avant la crise sanitaire. Parmi les candidats au départ, 58% sont en situation de détresse psychologique versus 31% parmi les adeptes de la stabilité. Parmi les salariés motivés par un changement professionnel, 57% ne le peuvent pas et 67% à être en détresse psychologique.

« Le phénomène de grande démission sera certainement de nature différente qu’aux USA, au-delà de l’absentéisme, le turn-over va certainement augmenter. Les salariés recherchent plus de bien-être au travail. Si on n’assiste pas à une grande démission dans les prochains temps, ce sera peut-être pour un grand absentéisme pour des motifs psychologiques. » analyse Christophe Nguyen

Contraintes économiques et pouvoir d’achat facteurs de risque pour la santé mentale des salariés

Si 1/3 des salariés déclare que la guerre en Ukraine crée de l’incertitude pour leur travail et 1/3 que le contexte mondial et économique a un impact négatif sur leur santé mentale, 87% d’entre eux envisagent une évolution négative du pouvoir d’achat dans l’avenir et 7/10 déclare qu’un allongement potentiel de l’âge de départ à la retraite leur fait craindre de ne pas pouvoir tenir jusque-là.

« Les difficultés de pouvoir d’achat sont devenus un facteur de risque pour la santé mentale des salariés. Jusqu’au point qu’1⁄4 d’entre eux ait déjà renoncé à des consultations psychologiques. Les contraintes économiques pèsent sur la santé psychologique des salariés puisque pratiquement ⅓ d’entre eux a du mal à finir le mois, 22% craint de tomber dans la pauvreté. Il est impératif que les entreprises prennent conscience que malgré la dimension externe de ces sujets ils impactent clairement la santé mentale de leurs salariés et par voie de conséquence leur efficacité. » conclu Christophe Nguyen.

Parmi les salariés

  • 7 sur 10 n’est pas satisfait de son salaire au regard du coût de la vie
  • 29% ont des difficultés à finir leurs fins de mois
  • 22% craignent de tomber dans la pauvreté dans les prochains temps
  • 20% sont plus endettés
  • 13% doivent trouver des petits travaux non déclarés pour améliorer les fins de mois
  • ½ est impacté par la hausse du prix de l’essence pour aller au travail
  • ½ déclarent qu’il lui sera difficile de faire face à une dépense imprévue de 500 € dans l’année qui vient
  • 26% ont déjà renoncé à des consultations psychologiques pour des raisons financières
  • 72% déclarent gagner entre moins de 1000 et 2499 euros nets par mois et 28% au-delà.


Image par Gerd Altmann de Pixabay.

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