Pour ce second épisode consacré au télétravail j’ai interrogé des médecins du travail. Vous savez la médecine du travail, celle qui vous convoque désormais une fois tous les 5 ans, à laquelle vous vous rendez avec grand enthousiasme, rendez-vous que vous attendez avec impatience. Fin du cynisme. Les parents pauvres de la médecine c’est bien eux. Les médecins du travail n’échappent pas à la pénurie que l’on constate au sein du corps médical français. Ils sont en effet une espèce menacée. En France, il en existe deux catégories, évoluant dans deux environnements différents : ceux qui exercent en service autonome, c’est-à-dire qu’ils sont salariés de l’entreprise et ils font partie d’un service interne de santé au travail, souvent ce sont de très grandes entreprises, et il y a ceux qui exercent en interentreprises, c’est-à-dire dans une structure privée qui propose son offre de service aux entreprises bien souvent de moins de 500 salariés.
Dans les deux cas on y trouve des médecins du travail, des infirmières, des psychologues… qui ont pour rôle de conseiller les salariés, la direction, les représentants du personnel afin d’éviter toute altération de la santé des travailleurs du fait de leur activité.
Tout comme avec les inspecteurs du travail dans le 1er épisode, je me suis demandée comment cette fois-ci les médecins du travail ont exercé leurs missions et comment ont-ils gardé le lien avec les salariés massivement obligés de télétravailler. J’ai rencontré virtuellement deux médecins du travail, fervents défenseur de la prévention des risques physiques et psychiques. Tous les deux ont mis en avant la forte pression psychologique qu’a engendré le télétravail. Isolement, surcharge du travail, sur sollicitation manageriale et ceux à tous les niveaux hiérarchiques, interrogations quant à la nature et au sens de son activité, autant de questions à laquelle les médecins du travail doivent faire face.
On entendra tout d’abord un médecin du travail exerçant en service autonome au sein de l’entreprise EDF. Ce sont 1200 salariés majoritairement en plateau d’appel qu’il accompagne et suit à distance depuis plus d’un an. Avec lui, on reviendra sur cette année et on s’interrogera notamment sur le déploiement de la télémédecine. Enfin, j’ai échangé avec Marielle Dumortier, qui exerce dans le même service interentreprise depuis 35 ans. Dans ce service c’est plutôt 7000 salariés qu’un médecin du travail suit avec l’aide des infirmières. Elle se définit comme une militante de la santé au travail et a notamment publié en 2020 « Le monde du travail est devenu fou » ou encore sous pseudo en 2006 « Journal d’un médecin du travail ».
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