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Décrire le travail en ESS pour contribuer à le transformer

Comme nous l’avons écrit, un des obstacles à une large appropriation de l’ESS par le plus grand nombre afin que celle-ci puisse revendiquer de devenir la norme de l’économie de demain, tient aux ambiguïtés, aux insuffisances dans le champ du travail et des relations sociales.

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Deux ouvrages récents se sont attachés à une analyse du travail en Économie sociale et solidaire.

Se revendiquer un « entreprendre autrement » et ne pas travailler à proposer un autre modèle sur ces questions fondamentales, c’est provoquer une certaine incompréhension, voire un certain rejet de la part des militants de la transformation sociale et des organisations syndicales. Les deux livres présentés ici sont à verser à ce débat.

Arnaud Lacan qui propose son ouvrage « A la reconquête du travail durable : l’économie sociale en première » nouvel opus de l’excellent collection « Mondes en transitions » des éditions « Les Petits Matins » est engagé au sein de l’ESS depuis de longues années, d’abord comme responsable de l’animation mutualiste au sein de la MAIF, puis comme universitaire et chercheur.

Son livre part d’un double constat : d’une part, les déstructurations actuelles du social et du travail, d’autre part les aspirations de très nombreux jeunes à un « travailler autrement » même s’il ne savent pas le plus souvent en exprimer les contours.

L’auteur développe alors les réponses que, fidèle à son histoire, mêlée qu’elle était à l’origine dans le mouvement des idées et les mobilisations sociales, l’ESS apporte aux évolutions du travail. C’est au sein de l’ESS que fut mise en place une insertion par l’activité économique aux évolutions diverses, c’est l’ESS qui porte les expérimentations actuelles des Territoires Zéro Chômeurs de Longue Durée. Et puis, si les salariés de beaucoup d’entreprises de l’ESS se retrouvent en situation « banale » ;  il y a toutes les formes coopératives qui placent le travail, et ses acteurs au cœur de leur processus, qu’il s’agisse des SCOP où les salariés sont les maîtres de l’affaire, les SCIC, sociétés multi-partenariales mais où l’association des salariés est une obligations, les Coopératives d’activité et d’emploi qui au départ regroupaient pour des créateurs d’entreprises dans leur phase de démarrage mais qui aujourd’hui répondent aux situations complexes nées de la dé-salarisation. Il évoque aussi les tiers-lieux qui là encore sont amenés à accueillir des acteurs de l’ESS en quête d’un cadre ou de coopération pour leurs activités.

Mais Arnaud Lacan n’oublie pas qu’il enseigne le management et il développe pour finir ce que devrait être le management en ESS pour assumer les spécificités et les valeurs de celle-ci. Un ouvrage utile qui veut éclairer à la fois les acteurs de l’ESS sur leurs responsabilités en la matière et ces jeunes en quête de sens.

Sociologue, chercheur,  Simon Cottin-Marx a posé son regard sur les associations et la situation du travail et des travailleurs en leur sein.

Son ouvrage « C’est pour la bonne cause ! les désillusions du travail associatif » paraît aux Éditions de l’Atelier.

Son constat est sévère, mais il est fondé. S’il intègre enquête, entretiens et témoignages, il repose aussi sur une lecture attentive des travaux sur le sujet et livre une analyse très fouillée des causes de ces désillusions.

Dans une approche originale, il insiste sur les employeurs associatifs, sur la façon dont souvent leurs propres engagements créent de l’ambiguïté jusqu’à les empêcher de se considérer comme  réellement employeurs, et à se positionner comme tels vis à vis des obligations du code du travail qu’il s’agisse des rémunérations ou des conditions de travail. Autre cause de dysfonctionnements, la coexistence entre salariés et bénévoles qui suscite des incompréhensions en mettant les premiers en porte-à-faux. Mais concomitamment à ces causes intrinsèques d’une situation du travail trop souvent détérioré l’auteur développe les effets d’ « un monde du travail sous l’influence publique ». Il note que le salariat au sein des associations s’est particulièrement développé du fait des évolutions de l’État et des collectivités publiques dans l’actuelle période libérale qui ne veut pas toujours un désengagement mais des modalités nouvelles laissant une place de plus en plus importante aux associations, mais pesant dans le même temps sur les conditions de leur activité. Le passage des subventions à la contractualisation, le recours aux appels d’offre, à la mise en concurrence sont autant de formes d’une marchandisation de l’action associative et des contraintes pour les structures. Mais Simon Cottin-Marx signale aussi l’usage de ces nouvelles formes pour peser politiquement sur celles-ci en citant le cas emblématique de la Cimade ou du Genepi, mais plus généralement en imposant des tensions quant à leur gestion qui entrave les évolutions de leurs engagements.

Des solutions sont difficiles à mettre en œuvre et le développement sur la Convention collective nationale de la Confédération paysanne et de ses organisations affinitaires si elle se veut un exemple de cadre négocié du travail au sein d’organisations d’essence militantes n’empêche ni tensions, no conflits.

Un tel ouvrage qui rejoint d’une certaine manière la réflexion d’Arnaud Lacan dans son dernier chapitre, devrait être étudié par quiconque occupe, ou entend occuper des responsabilités dans une association employeuse. Le sens sur lequel chacun s’attarde pour évoquer l’emploi associatif ne doit en rien dispenser de considérer la précarité, les souffrances qui trop souvent marquent l’emploi associatif qui –rappelons le- concerne plus d’un million huit cent mille femmes (en majorité) et hommes de ce pays.

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