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Les plateformes numériques exacerbent les inégalités entre les travailleurs

Alors que le Président de la République bombe le torse en assumant ce qu’il a fait pour favoriser l’implantation d’Uber en France, nous publions l’entretien que nous avait accordé Uma Rani, économiste principal au Département de la recherche de l’OIT, coordonnatrice en 2021 du rapport de l’OIT « Le rôle des plateformes numériques dans la transformation du monde du travail  ».

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Vous redoutez, concernant les plateformes numériques de travail localisé, les risques et les inégalités pour les travailleurs parmi les conséquences misent au grand jour par la pandémie de COVID‐19. De quelles natures sont ces risques et ces inégalités ? 

Uma Rani Amara. Les plateformes présentent un risque économique significatif pour les travailleurs, en particulier concernant la régularité de travail et de revenu, les conditions de travail, la protection sociale, la liberté de se syndiquer et le droit de négociation collective. La pandémie de covid-19 confronte les travailleurs à de plus en plus de risques, spécialement ceux engagés par les plateformes localisées. Cela exacerbe les inégalités existantes dans de nombreux pays. Premièrement, de nombreux travailleurs des plateformes de travail digital luttent pour travailler un nombre suffisant d’heures. Deuxièmement, une majorité de travailleurs des plateformes localisées, comme les taxis ou du secteur de la livraison, rapportent une diminution de la demande qui a eu un effet sur leurs revenus. Environ neuf sur dix conducteurs de taxi et sept livreurs sur dix rapportent une diminution de leurs revenus. Troisièmement, les travailleurs engagés dans des activités supplémentaires de travail pour compenser leur revenu ont, soit réduit leurs dépenses, soit puisé dans leur épargne, soit contracté des prêts pour subvenir aux besoins les plus basiques de leur foyer. Quatrièmement, certains travaillent pendant la crise par nécessité économique, malgré l’anxiété de risquer de contracter le covid. Environ 70 % des travailleurs ont indiqué qu’ils ne pourraient pas prendre un congé maladie ou recevoir des compensations au cas où ils étaient testés positifs au virus.  Cinquièmement, cela met aussi en lumière la division qui existe entre ceux qui reçoivent un congé maladie et des jours de repos, et les travailleurs des plateformes qui ne sont pas payés s’ils s’arrêtent ou tombent malades. Cela exacerbe les inégalités. 

Votre rapport indique que la Commission mondiale de l’OIT sur l’avenir du travail recommande l’élaboration d’un système de gouvernance internationale qui établisse certains droits et protections minimaux et exige que les plateformes et leurs clients les respectent. Quels sont ces principaux droits et protections ? 

Uma Rani Amara. La commission mondiale de l’OIT sur le futur du travail a recommandé « le développement d’un système international de gouvernance pour les plateformes de travail digital qui fixe et requiert des plateformes (et de leurs clients) qu’ils respectent un certain nombre de droits et protections minimum ». Ces droits minimaux et ces protections incluent les droits fondamentaux des travailleurs, un « salaire décent », des limites aux heures de travail, des lieux de travail sûrs et sains, une couverture universelle de protection sociale. 

Retrouvez l’intégralité du grand entretien dans Travailler Au Futur


Lire également la revue de presse hebdomadaire de Travailler Au Futur

Uberfiles. « Derrière ces collusions, le retour des tâcherons ». Les révélations des liens entre l’actuel chef de l’État et Uber n’ont pas surpris les travailleurs des plateformes : cette alliance objective, ils la subissent et la dénoncent depuis des années.

Emmanuel Macron au service d’Uber : la start-up nation au-dessus des lois de la République. Alors ministre de l’Économie de François Hollande, Emmanuel Macron a activement soutenu l’entreprise américaine de véhicules avec chauffeurs, qui menait une vaste opération de lobbying afin de contourner des lois qui lui étaient défavorables. Des informations révélées au grand jour grâce au travail du Consortium International des Journalistes d’Investigation (ICIJ).

Uber Files. « Nous exigeons des protections pour les salariés victimes de l’ubérisation ». Pour Philippe Martinez, les dessous de l’affaire mise au jour par les « Uber Files » sont l’affirmation mensongère selon laquelle les garanties collectives seraient un frein à l’activité économique et à l’emploi.

ACTUALITÉS. En Espagne, la création de contrats à durée indéterminée bat des records. En juin, 780 000 CDI ont été signés. Le fruit d’une réforme du travail votée en début d’année qui a drastiquement réduit les possibilités de recours à l’emploi provisoire.

200 000 postes à pourvoir. Saisonniers : les raisons d’une grande vacance. Alors que l’été a commencé, 200 000 postes resteraient à pourvoir dans les hôtels, restaurants et activités touristiques. La faute à des salaires trop bas, des conditions de travail trop difficiles et à la réforme de l’assurance-chômage, qui poussent les travailleurs vers des emplois sédentaires.

Ils démissionnent ou se reconvertissent pour vivre mieux : où sont passés les salariés ? Depuis la pandémie et la crise qui a suivi, des centaines de milliers d’hommes et de femmes n’hésitent plus à changer de poste, de secteur ou de région. Et reviennent rarement au point de départ.

Vacances d’été: les Français resteront connectés à leur travail. Selon une étude, 79% d’entre eux amèneront ordinateur et smartphone en vacances pour garder le lien professionnel. Mais est-ce légal de travailler pendant ses congés?

Le bien-être est-il plus important que le salaire ? La crise sanitaire a bousculé le rapport au travail. L’épanouissement semble avoir pris le pas sur l’emploi, de nombreux Français semblant désormais faire passer leur bien-être avant leur salaire.

INÉGALITÉS. La France peine à s’améliorer dans la réduction des inégalités femmes-hommes au travail. Dans le classement annuel du Forum économique mondial, qui étudie le niveau de l’égalité femmes-hommes dans le milieu professionnel, la France stagne depuis 2014.

Photographie statistique de la sinistralité au travail en France selon le sexe. Depuis 2001, les secteurs les plus accidentogènes pour les femmes sont les activités de services : santé, action sociale, nettoyage, travail temporaire et les services, commerces et industries de l’alimentation. Le BTP est le secteur le plus accidentogène pour les hommes.

SANTÉ. Canicule et travail : droit de retrait, loi, règles. La définition de canicule n’est pas mentionnée dans le Code du Travail. Or, elles sont à risque pour la santé des travailleurs. Quels sont les droits des salariés ? Un droit de retrait ? Quelles sont les obligations des employeurs ? Que dit la loi ? En extérieur ?


Photo Clément Savel.

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