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Travailler au futur

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Travail. État des lieux – Bibliographie #1

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Qu’est devenu le travail ? Que sera-t-il dans le futur ? En quoi cela nous concerne-t-il tous ? Depuis plusieurs décennies, une vaste recomposition du travail, de sa conception comme de sa réalité, est en cours. Modes de production, modes de consommation, révolution numérique, féminisation, mondialisation des échanges… le travail est au cœur des mutations du monde. Travailler au Futur propose une bibliographie thématique à chaque numéro. La voici pour Travail état des lieux.

Les métamorphoses de la question sociale. Une chronique du salariat, Robert Castel, Éditions Fayard (1995) : Il a fallu des siècles de sacrifices, de souffrances et d’exercice continu de la contrainte pour fixer le travailleur à la tâche, puis pour l’y maintenir en lui associant un large éventail de protections qui définissent un statut constitutif de l’identité sociale. Mais c’est au moment même où la  » civilisation du travail « , issue de ce processus séculaire, paraissait consolidée sous l’hégémonie du salariat et avec la garantie de l’Etat social que l’édifice s’est fissuré, faisant ressurgir la vieille obsession populaire d’avoir à vivre « au jour la journée ». Désormais, l’avenir est marqué du sceau de l’aléatoire.

La question sociale, aujourd’hui, se pose à partir du foyer de la production et de la distribution des richesses, dans l’entreprise, à travers le règne sans partage du marché _ et donc n’est pas, comme on le croit communément, celle de l’exclusion. Elle se traduit par l’érosion des protections et la vulnérabilisation des statuts…

L’onde de choc produite par l’effritement de la société salariale traverse toute la structure sociale et l’ébranle de part en part. Quelles sont alors les ressources mobilisables pour faire face à cette hémorragie et pour sauver les naufragés de la société salariale?

Sociologue, Robert Castel est directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales.

Le travail, communion et excommunication, Nicolas Grimaldi, Éditions Puf (1998) : D’où vient qu’exclus de notre vie par notre travail, nous en soyons aussi exclus en ne travaillant pas ? Autant que le travail peut justifier toute une existence en l’absorbant, d’où vient qu’en l’absorbant il puisse plus souvent encore la mortifier jusqu’à l’anéantir ? Analysant, dans l’exercice du travail, la relation de la conscience avec le temps, de chaque personne avec son métier, de l’esprit avec la nature, de l’individu avec la communauté, cette étude doit être lue à la fois comme un traité de morale et comme un précis de sociologie. Contrairement à tant d’enquêtes et de prophéties contemporaines, ne convient-il pas de distinguer un travail proprement formateur et un travail simplement producteur ? N’est-il pas aussi erroné de confondre le loisir et l’oisiveté que de réduire le travail à l’emploi ? Au lieu de regretter tant d’emplois qui séparaient les travailleurs de leur vie et de leur identité, la dernière révolution technologique ne permet-elle pas d’espérer que la vie de chaque individu se transfusera d’autant plus dans celle de l’humanité qu’il aura passé plus de temps à se former qu’à produire ? Comment une telle ontologie de la médiation ne verrait-elle pas alors dans le mercantilisme la plus insidieuse et la plus maligne des pathologies sociales ?

Le temps des femmes. Pour un nouveau partage des rôles, Dominique Méda, Éditions Flammarion (2001) : Les femmes travaillent toujours davantage ; elles veulent obtenir l’égalité professionnelle, mais plus encore : du temps pour leur travail, pour leurs enfants, pour leur conjoint, pour elles. Face à cette révolution qui s’est faite sans crier gare, notre société ne s’est pas adaptée. Nos structures sociales et nos conceptions traditionnelles du partage des rôles sont restées les mêmes, nos mentalités ont peu évolué, nos institutions n’ont pas été réformées. Pour aider les femmes dans cette évolution essentielle, il aurait fallu déspécialiser les rôles – c’est-à-dire admettre que, si les hommes et les femmes travaillent, alors les tâches parentales, les activités de soins et les tâches ménagères incombent également aux deux sexes –, et reconstruire l’ensemble de nos institutions sociales. Nous ne l’avons pas fait. L’habit craque de partout. Il faut cesser de le rapiécer et passer à une autre étape. Aujourd’hui, sous la pression de la Commission européenne et des pays du Nord, dans la dynamique ouverte par la parité politique, les revendications osent s’organiser. Il nous faut revoir profondément les rôles, impliquer les hommes dans la prise en charge des enfants, repenser l’organisation du travail dans les entreprises et dans la fonction publique, reconnaître que les « activités de soins » sont une richesse pour notre pays. Cette révolution-là est à notre portée, tous les éléments sont réunis pour la mener avec sérénité.

Travail et Ergologie. Entretiens sur l’activité humaine, Yves Schwartz et Louis Durrive (collectif), Éditions Octarès (2003) : L’ergologie n’est pas une nouvelle discipline dans le champ des sciences humaines mais une démarche qui vise à mieux connaître les situations de travail et surtout à mieux intervenir sur celles-ci pour les transformer. Au cœur de cette démarche, on trouve le concept d’activité comme opérateur synthétique, élément dynamique qui noue tout ce que nos catégories disciplinaires et professionnelles considèrent séparément. Impossible par conséquent de cerner le concept d’activité de façon univoque et définitive. Le projet des entretiens rassemblés dans cet ouvrage est de solliciter des points de vue croisés sur l’activité humaine, en prenant l’ancrage de questions concrètes posées par la modernité. Les nouvelles organisations dans l’entreprise, les technologies de l’information et de la communication, la formation et l’emploi, la mobilisation de la personne et des collectifs au travail, le langage au travail : autant de thèmes qui sont abordés ici avec un éclairage original grâce à une réflexion commune sur l’activité. Se dessinent alors des pistes pour aborder différemment les évolutions du monde actuel, en maintenant un lien constant entre l’échelon global et « macroscopique » de la vie sociale et celui qu’on qualifierait de microscopique, l’activité quotidienne de celles et ceux qui vivent et retravaillent en permanence les normes et valeurs en circulation dans notre société.

L’introuvable démocratie salariale : le droit de la représentation du personnel dans l’entreprise (1890- 2002), Jean-Pierre Le Crom, Éditions Syllepse (2003) : Aujourd’hui considérées comme indispensables à l’expression du dialogue social dans l’entreprise, les institutions représentatives du personnel – comités d’entreprise et délégués du personnel – ont pourtant eu historiquement de grandes difficultés à asseoir leur légitimité.

Instruments de défense des salariés ou organismes de représentation en réduction de l’entreprise tout entière, elles ont été l’objet de grands espoirs comme des pires désillusions.

Cet ouvrage, le premier à traiter historiquement cette question dans sa globalité en s’appuyant sur des sources jusqu’alors inexplorées, notamment celles du ministère du travail, cherche à analyser les raisons de ces ambitions déçues.

100 mots pour résister aux sortilèges du management, Gérard Layole, Éditions Seuil/Les empêcheurs de penser en rond (2005) : Le management des entreprises a mauvaise conscience. Il voudrait rendre la contrainte aimable, voire désirable. Il voudrait aussi trouver le moyen infaillible de demander « toujours plus » en donnant « toujours moins ». Comment alors faire adhérer chacun à son propre asservissement (la « soumission librement consentie » chère aux philosophes pour élèves de Terminale) ? En donnant à chaque employé le sentiment qu’il participe à la prise de décision.

En inventoriant le bric-à-brac de clichés, formules toutes faites, paradoxes et déclarations pompeuses « qui tourbillonnent autour d’un vide central », l’auteur renvoie férocement les mythes du management à leurs propres contradictions logiques et impasses morales.

Travail, une sociologie contemporaine, Michel Lallement, Stéphanie Fraisse-d’Olimpio Éditions Gallimard (2007) : Partout s’observe une remise en cause apparente du travail : chômage massif, délocalisation des industries et des services, flexibilité, pluriactivité – tout semble concourir à la fin du travail, à la disparition des statuts, à la mort du lien social par l’emploi. Désaffilié, le travailleur d’hier est devenu le sans-droit d’aujourd’hui. À cette crise, beaucoup de sociologues répondent par la mise en perspective historique du monde du travail que nous avons perdu.

Michel Lallement, en contre-pied, fait une sociologie contemporaine de la crise, s’attaquant aux dimensions inédites des transformations de la production. De fait, les recherches et analyses de la sociologie peuvent et doivent aider à comprendre objectivement des conditions collectives de travail et de vie trop souvent vécues sur un mode purement subjectif et individuel. Pour Michel Lallement, nul doute que le travail, moteur et révélateur des mutations contemporaines, garde sa place centrale d’institution sociale. Le travail est de retour.

Travailler sans les autres ? Danièle Linhart, Éditions Seuil (2009) : Changer le monde du travail, accorder à chacun davantage d’autonomie, de reconnaissance matérielle et symbolique, voilà qui semble faire l’unanimité. Pourtant, comme le montrent les enquêtes sociologiques, la « modernisation du travail » ne va pas dans ce sens : sentiment d’abandon, d’isolement, de précarité, peur de ne pas y arriver, méfiance à l’égard des autres, tout concourt en réalité à dénaturer le travail. La société tout entière en est affectée.

Symbole de cette modernisation en mauvaise passe, le chassé croisé entre secteur public et privé : le management s’acharne, sans y parvenir, à importer au sein des entreprises privées le sens de l’engagement et la loyauté des agents du service public, alors même que celui-ci subit une attaque en règle de ces mêmes valeurs sous les coups de boutoir de la logique gestionnaire. C’est à l’analyse du devenir tourmenté du travail dans notre société que se risque ce livre. Danièle Linhart est sociologue du travail et directrice de recherche au CNRS.

La France au travail, Institut de recherches économiques et sociales (IRES), Éditions de l’Atelier (2009) : Les dimensions économiques et sociales du travail sont au cœur du choix de société. Durée du travail, heures supplémentaires, stress au travail, délocalisations, licenciements, pouvoir d’achat, âge de la retraite ne cessent d’alimenter débats et controverses. Mais qu’en est-il vraiment de ces questions ? Cet ouvrage propose des points de vue et des synthèses sur l’état du monde du travail dans la France d’aujourd’hui. Tour à tour, les questions de l’emploi et du chômage, des salaires et des revenus, de la protection sociale et des conditions de travail, des restructurations d’entreprise et enfin des relations sociales et de la conflictualité, sont analysées par une équipe de chercheurs spécialisés. L’objet du livre est d’éclairer les faits sociaux et économiques de la période contemporaine par les acquis de la recherche, présentés de manière pédagogique et accessible à tous ceux qui s’y intéressent. Le lecteur y trouvera les données disponibles les plus actualisées, des mises en perspective sur plusieurs décennies, des indicateurs inédits, des analyses et grilles de lecture, de même que des éléments de comparaison européenne. L’ouvrage est réalisé par une équipe de chercheurs de l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES). Fondé en 1982 par l’ensemble des organisations syndicales représentatives avec le concours des pouvoirs publics, l’IRES a pour vocation de répondre aux besoins exprimés par les organisations syndicales françaises dans les domaines de la recherche économique et sociale.

La société managériale. Essai sur les nanotechnologies de l’économique et du social, Anne Pezet et Eric Pezet, Éditions La Ville Brûle (2010) : Le management constitue l’élément dur du capitalisme néolibéral. Il tire sa force d’une armada de techniques ou méthodes de gestion extrêmement bien organisée autour d’une avant-garde visible (la comptabilité en particulier) mais aussi de troupes invisibles chargées d’opérations plus souterraines, voire secrètes. Alors que l’entreprise est devenue un modèle d’efficacité pour l’ensemble de la société, c’est cet ensemble de méthodes qu’il faut mettre à jour si l’on veut comprendre le management et débattre de ses enjeux. Pour produire une critique efficace de la managérialisation de la société et dépasser le stade des exhortations, il faut dévoiler les rouages essentiels de la mécanique managériale, découvrir l’intimité du management, montrer les implications de l’usage intensif des méthodes de management.

L’objet de cet ouvrage est d’ouvrir la boîte de Pandore du management, de montrer comment sont produites et comment agissent ces méthodes de gestion. Nanotechnologies de l’économique et du social, elles sont à l’origine de milliards de microdécisions, elles influent sur les performances économiques et sociales des nations, et sur la vie professionnelle de millions de salariés. Présentées comme « neutres » et purement techniques, elles soutiennent le fonctionnement du management de l’entreprise et de la société, et ambitionnent de modeler des individus conformes aux visées de celles-ci.

Il ne s’agit pas ici de se contenter de dénoncer une fois de plus le management, mais bien d’entreprendre le démontage de ses rouages invisibles pour débattre de leurs effets. Cette démarche est indispensable pour donner aux salariés, à leurs représentants, et plus largement aux citoyens les termes d’un débat, jusque-là confisqué, sur les effets considérables des techniques de management sur l’économie, la société et le politique.

Anne Pezet est professeure de sciences de gestion à Paris-Dauphine, co-fondatrice du CriM (Critique et management) et auteur du Petit bréviaire des idées reçues en management (La Découverte, 2008). Éric Pezet est professeur de sciences de gestion à l’université de Paris-Ouest Nanterre La Défense. Il est membre de Paris Research in Norms, Management and Law (Primal).

Travail et pouvoir d’agir, Yves Clot, Éditions Puf (2011) : En ce début de siècle, le travail soumet les femmes et les hommes à des épreuves sociales dont l’issue pèsera lourd sur le destin des générations futures. Dans Travail et pouvoir d’agir, l’auteur de La fonction psychologique du travail retourne le problème vers sa discipline : saura-t-elle seconder l’action individuelle et collective nécessaire pour y faire face ?

Pour répondre à la question, Yves Clot fait l’inventaire des ressources historiques, théoriques, méthodologiques et techniques dont la psychologie du travail dispose pour développer le pouvoir d’agir des sujets dans l’organisation du travail. La préface inédite à cette deuxième édition ouvre un chantier en clinique de l’activité : celui des rapports entre travail et affectivité.

L’engagement dans le travail, qu’est ce que le vrai boulot ?, Alexandra Bidet, Éditions Puf (2011) : Qu’est-ce qui nous attache à notre travail ? Pourquoi fait-il par moments immédiatement sens ? La sociologie du travail, marquée par une tradition de critique humaniste du travail industriel, s’est peu intéressée à la façon dont les acteurs au travail produisent des valorisations et des appuis critiques. Suivre les efforts des travailleurs pour s’orienter mène pourtant à une fabrique du social, où s’élabore une réflexivité de la société sur elle-même. Dans notre « société de la connaissance », le travail s’écarte toujours plus nettement d’une dépense de force physique, les lieux et les temps de travail deviennent poreux, et son objet même se fait plus complexe, mouvant, indéfini… Se pencher sur les moments de vrai boulot, c’est alors se demander si les travailleurs s’y retrouvent. Quelles formes de vie valorisent-ils et aspirent-ils à partager ? Une société se construit-elle malgré tout quand le travail semble échapper à l’homme ? Grâce à une enquête ethnographique menée auprès de techniciens de la téléphonie, cet ouvrage nous plonge au cœur des transformations du travail à l’ère numérique. Il pose la question des figures émergentes du travail et de la société qui s’y construit. Elles appellent de nouvelles manières de parler du travail.

Expérience et connaissance du travail, Yves Schwartz, Éditions sociales (2012) : Dans quelle mesure le « détour théorique » est-il légitime en ce qui concerne la connaissance du travail ? faut-il instituer ici une coupure entre l’expérience et sa conceptualisation en sorte que l’humanité, pourtant unifiée par le travail qu’elle opère sur elle-même a travers la production sociale, devrait réinsérer ici une forme l’incommensurabilité entre les acteurs et les spécialistes intellectuels du travail ? on essaye dans une première partie de voir d’abord à travers les oeuvres de a. Leroi-gourhan, c. Levi-strauss, m. Weber. Et les rapports différentiels au concept entretenus par la sphère intellectuelle et le monde du travail, comment cette coupure entre expérience et connaissance peut être ou non véhiculée par le concept de culture lui-même. Comment l’expérience du travail peut-elle travailler le langage ? cette possibilité, analysée à partir de l’oeuvre de m. Granger, conduit à une appréciation du concept de culture, comme le confirme l' »industrialisme ouvrier », illustre sur un exemple à mulhouse vers 1830, et poursuivi dans l’histoire du mouvement ouvrier. Dans la mesure où l’expérience du travail porte ainsi ses virtualités de conceptualisation d’elle-même, cela induit une révision critique de certaines représentations de la pensée sociale. (l. Althusser, m. Foucault, p. Bourdieu. . . ) la troisième partie part de l’étude concrète du travail pour vérifier ces thèses à l’aide des ressources de la technologie, de la biologie, de l’ergonomie, de l’histoire. . . Sur ces acquis et à travers une confrontation avec l’oeuvre de marx, se dessinent les dimensions pertinentes selon lesquelles approcher le concept même de travail. Une dernière partie en tire quelques conséquences épistémologiques et méthodologiques (concept d’interface, rôle de l’infinitésimal); la conclusion fait apparaître en quel sens une approche pluridisciplinaire du travail suppose la reconnaissance de l’expérience du travail comme énigmatiquement commensurable avec le mouvement qui cherche à le connaître.

Le travail à cœur. Pour en finir avec les risques psychosociaux, Yves Clot, Éditions La Découverte (2012) : Suicides en série sur le lieu de travail, « épidémie » de troubles musculo-squelettiques, explosion des pathologies professionnelles… Une réalité trop longtemps occultée occupe désormais la scène publique française. Devant l’ampleur des « maladies du travail », tout est secoué : entreprises, État, institutions, chercheurs et experts. Et, face aux dégâts engendrés, se multiplient dans l’urgence les fausses solutions qui risquent de virer au « despotisme compassionnel » sans rien résoudre sur le fond. C’est à ce paradoxe intenable qu’a voulu réagir le psychologue du travail Yves Clot dans cet essai aussi vif qu’informé, nourri de longues années d’expérience sur le terrain des rapports entre santé et travail. Il instruit le dossier en rassemblant les différentes pièces du puzzle social : discours officiels, analyses de situations concrètes, controverses scientifiques, commentaires et récits. Il montre comment la négation des conflits autour de la qualité du travail au sein de l’entreprise menace le collectif et empoisonne la vie des organisations. Pour Yves Clot, le plaisir du « travail bien fait » est la meilleure prévention contre le « stress » : il n’y a pas de « bien-être » sans « bien faire ».

En se mobilisant autour d’une idée neuve du métier, avec tous les autres acteurs concernés – dirigeants d’entreprises, syndicalistes et spécialistes -, ceux qui, au travail, sont en première ligne peuvent eux-mêmes « retourner » la situation. Pour en finir, enfin, avec les « risques psychosociaux ».

Travail vivant. Tome 1, Sexualité et travail. Christophe Dejours, Petite Bibliothèque Payot (2012) : Aliénation, suicide : on sait bien, depuis Souffrance en France, que le travail peut produire le pire. Mais qu’il puisse aussi générer le meilleur, qu’il puisse être facteur d’accomplissement de soi et d’émancipation, une majorité de gens en doutent. C’est pourtant la voie explorée dans ce livre qui propose, grâce à une nouvelle théorie du travail, de penser politiquement l’organisation de celui-ci. Ce premier tome analyse les rapports entre travail, corps et sexualité. Il montre que le travail de production est une épreuve pour la subjectivité tout entière d’où peuvent émerger de nouvelles habiletés, à la condition toutefois que cette épreuve soit relayée par un deuxième travail, de soi sur soi, ou de transformation de soi.

Tome 2, Travail et émancipation : Autre volet de la nouvelle théorie du travail proposée par Christophe Dejours, ce livre montre que l’organisation du travail a des incidences qui vont bien au-delà du seul monde du travail. Au travail, on peut en effet apprendre le respect de l’autre, la prévenance, la solidarité, la délibération, les principes de la démocratie. On peut aussi y apprendre l’instrumentalisation de l’autre, la duplicité, la déloyauté, le chacun-pour-soi, la lâcheté, le mutisme. De sorte que l’organisation du travail s’offre toujours comme un lieu d’apprentissage de l’implication ou de la désertion des espaces politiques…

Quel travail voulons-nous ? La grande enquête, Jan Krauze, Patrick Légeron, Dominique Méda, Yves Schwartz, Éditions Les Arènes (2012) : Le goût du travail, une valeur dépassée ? Bien au contraire : près de 6 000 personnes ont pris la plume pour raconter leur histoire et proposer de nouvelles manières de vivre le travail. Ce livre est le miroir de cette enquête sans précédent. Une sociologue, un psychologue et un philosophe ont tour à tour commenté les résultats et esquissé des pistes pour améliorer le travail. Un syndicaliste et un chef d’entreprise se sont efforcés de replacer le débat dans le contexte économique actuel…

Un siècle de travail des femmes en France, Monique Meron et Margaret Maruani, Editions La Découverte (2012) : Compter le nombre de femmes au travail dans la France du XXe siècle et conter l’histoire de ces chiffres, telle est l’ambition de ce livre. Au prix d’une recherche de grande ampleur, les auteures ont rassemblé – pour la première fois – les statistiques du travail, de l’emploi et du chômage des femmes de 1901 à 2011, ces chiffres basiques que l’on peine à retrouver dans le labyrinthe des publications statistiques.

À rebours des idées reçues, cet ouvrage met en évidence le poids indiscutable de l’activité laborieuse féminine dans le fonctionnement économique, sa remarquable constance, en dépit des crises et des récessions, par-delà les périodes de guerre et d’après-guerre. Jamais moins du tiers – et désormais près de la moitié – de la population active : telle est la part des femmes dans le monde professionnel au XXe siècle en France. Telle est la portée de leur force de travail.

Au fil des recensements de la population, les auteures analysent les fluctuations de la division sexuelle du travail, des métiers d’antan aux professions d’aujourd’hui, et décryptent, d’un début de siècle à l’autre, les illusions d’optique statistique. Un livre original et accessible, qui intéressera, au-delà des spécialistes, toutes celles et ceux qui sont attachés à comprendre comment se construisent les stéréotypes sur la place des femmes dans la société.

Les nouveaux prolétaires, Sarah Abdelnour, Éditions Textuel (2012) : À première vue, il n’en reste rien : le monde ouvrier semble disparu, le travail moins dur et plus intellectuel, les luttes envolées, et le capitalisme toujours bien en place. Pourtant, l’auteur montre que la notion n’est pas si anachronique qu’il y paraît, et qu’elle permet d’aborder les transformations du monde du travail. Les nouveaux prolétaires, ce sont d’abord les mêmes que les anciens, soumis à un travail dur et des salaires faibles, puisqu’il ne faut pas oublier qu’un tiers des hommes en emploi aujourd’hui encore sont des ouvriers. Mais ce sont aussi désormais les employés. Et plus largement, ce sont les précaires, ces salariés fragiles et mal protégés qui se multiplient aujourd’hui, notamment parmi les femmes, les jeunes ou encore les immigrés. Si des prolétaires, il y en a donc encore, sont-ils pour autant unis et capables de se mobiliser collectivement, et donc de former une classe sociale ? Les obstacles sont nombreux et les luttes fragiles, mais les classes populaires continuent de se battre pour exister politiquement.

– Le livre remet en question des lieux communs, sur la disparition du monde ouvrier, la « moyennisation » de la société, la fin du travail, ou encore l’extinction des grèves.

– Il décrit la transformation des formes de domination au travail, notamment par la pression du chômage et de la précarité, générateurs d’inégalités et de tensions sociales.

– Il réactualise Marx, en observant les capacités de résistance et d’organisation de cet archipel de précaires, malgré la perte de vitesse de la gauche et des syndicats.

Pourquoi nous travaillons ? Collectif (Yves Bongiorno, Jean-Christophe Le Duigou, Nasser Mansouri-Guilani, Jean-François Naton, Catherine Nédélec), Éditions de l’Atelier/ VO (2013) 1995/2019 : Pour quoi nous travaillons ? Dans quel but passons-nous des milliers d’heures à faire en sorte que le produit que nous fabriquons, le service que nous rendons soient bien faits ? Pourquoi, malgré tout ce qui l’entrave, sommes-nous si attachés à notre travail ? Pourquoi en tirons-nous à la fois du plaisir, de la souffrance et de la fierté ? C’est à partir de ces questions qu’est construit ce livre.

La réalité vivante du travail a tendance à se dérober. Les mutations technologiques, les nouvelles techniques de management modifient son contenu. La précarité s’est installée, la rentabilité financière à court terme a imprégné les manières de s’organiser. Mais la résistance des salariés soucieux de bien faire leur travail a mis en évidence les dysfonctionnements générés par des stratégies incapables de répondre à leurs exigences d’être écoutés et reconnus.

De nouveaux leviers d’action apparaissent : valorisation des métiers, prévention des accidents du travail et des maladies qu’il génère, création de solidarités avec des salariés précaires et isolés, démonstration de l’utilité de postes qu’une direction veut supprimer afin d’empêcher des licenciements. Autant de perspectives pour un mouvement syndical qui peut ainsi accompagner et amplifier les initiatives des salariés afin de les rendre efficaces. Cet ouvrage, fruit d’une démarche de recherche de la CGT sur le thème « Transformation du travail et émancipation », a été coordonné par Catherine Guaspare, sociologue, ingénieure d’études au CNRS, et Jacques Léger, ancien secrétaire général de l’Union départementale CGT de l’Essonne, coordinateur du comité de pilotage de cette recherche.

Exister au travail. Les hommes du nucléaire, Guy Jobert, Éditions Erès (2014) : Dans le cadre de notre activité de travail, par quels moyens et à quel prix tentons-nous d’exister, de nous développer au milieu des autres, et de donner du sens à notre action ?

En ethnologue du monde du travail, Guy Jobert a partagé la vie et écouté longuement les agents de conduite de centrales nucléaires françaises. Il analyse comment ceux-ci explorent des voies multiples pour tenter de faire de leur travail un lieu de construction identitaire ou pour réduire les dangers qu’il fait peser sur leur équilibre. Au-delà des hommes du nucléaire, il montre que tout travailleur mène en permanence deux activités, distinctes mais totalement liées : l’une qui répond directement à sa mission productive et l’autre qui consiste à exister personnellement dans et par son travail. Ces activités demandent toutes deux compétences, efforts, invention, et sont toutes deux menacées par l’échec. L’enjeu pour le travailleur est considérable. Cette perspective confère au travail une place centrale dans la construction de la personne humaine.

Émanciper le travail, Bernard Friot, (entretien avec Patrick Zech), Éditions La Dispute (2014) : « Le modèle capitaliste du travail conduit à notre perte : il est urgent de prendre la mesure des dynamiques porteuses d’émancipation.

Bernard Friot, dans ces entretiens, décrit le conflit social depuis 1945 comme un affrontement entre deux façons contradictoires d’attribuer une valeur économique au travail. Pour le capital, seul un travail soumis aux propriétaires lucratifs et au marché du travail produit de la valeur.

Mais les luttes syndicales et les initiatives populaires ont institué au contraire, grâce à la socialisation du salaire, une reconnaissance du travail tout autre, fondée sur le salaire à vie, sur la propriété d’usage des entreprises par les salariés, sur un investissement libéré des prêteurs, sur une autre mesure de la valeur que le temps. Cet ouvrage nous montre comment nous inventons, depuis plus de soixante ans, un travail libéré de l’emprise capitaliste.

Nos entretiens sont l’occasion de présenter simplement cette analyse, de répondre aux objections et de proposer une démarche d’émancipation concrète. Il m’a semblé important, à moi qui ai vécu avec tant d’autres dans ma chair la maltraitance de l’emploi et du chômage, de contribuer à cet ouvrage de combat. Nous pouvons sauver notre peau. »

Je suis debout bien que blessée. Les racines de la souffrance au travail, Marie Pezé, Éditions Josette Lyon (2014) : Le travail nous confronte à nous-mêmes. Marie Pezé, psychanalyste experte en matière de souffrance au travail, l’a vécu au quotidien à travers la parole des nombreux patients, issus de toutes les catégories socio-professionnelles, reçus dans sa consultation « Souffrance et travail » au CASH de Nanterre. Ironie du sort, licenciée à son tour, comme tant d’autres salariés, elle décide de faire une auto-expertise des raisons personnelles qui l’ont amenée au choix de son métier, et des événements successifs ayant conduit à son licenciement. 

L’occasion d’un voyage dans le temps, à la rencontre de la zone aveugle de son enfance et des événements brutaux qui l’ont construite.

Dans ce récit très intime, Marie Pezé nous montre à quel point notre travail peut aussi trouver ses racines dans l’enfance mais nous aider à la dépasser, à nous soigner sinon nous guérir, et surtout à être utile au monde. 

Un quart en moins. Des femmes se battent pour en finir avec les inégalités de salaires, Rachel Silvera, Éditions La Découverte (2014) : Malgré les lois, discours et autres chartes, en France, le salaire des femmes reste inférieur d’un quart à celui des hommes. Comment expliquer cet écart persistant ? Au XIXe siècle, on considérait qu’il n’était pas vital pour une femme de travailler. Pouvant compter sur « monsieur Gagnepain », celle-ci ne pouvait prétendre qu’à un « salaire d’appoint ». De manière insidieuse, ce modèle pèse encore aujourd’hui. Les salariées semblent piégées, entre « plancher collant » et « plafond de verre ».

Pourtant, ces dernières années, des femmes ont décidé de se battre et ont obtenu gain de cause. Rachel Silvera leur donne largement la parole. Parce qu’elles ont eu des enfants, sont passées à temps partiel, ou simplement parce qu’elles sont femmes, Maria, Flora et les autres n’ont eu aucune augmentation de salaire, ou très peu, au cours de leur carrière. Les juges ont reconnu qu’elles étaient victimes de discrimination et devaient obtenir réparation à travers un rappel de salaires et une requalification.

À jour de la jurisprudence la plus récente, ce livre donne de nouveaux moyens pour en finir avec des inégalités d’un autre âge. Au-delà, il plaide pour une autre façon d’évaluer les compétences, celles des femmes restant trop souvent perçues comme relevant de qualités « innées ».

L’imaginaire industriel. Pierre Musso Editions Manucius (2014) : L’industrie a réalisé un imaginaire de la rationalité et du Progrès, construit sur la longue durée. à son tour, l’industrialisation produit depuis le XIX e siècle, des «méta-industries» de l’imaginaire : depuis le luxe, la publicité ou l’audiovisuel, jusqu’aux industries du logiciel et du web. Cet ouvrage décrypte ce puissant imaginaire industriel caractéristique de la vision du monde de l’Occident.Pierre Musso, Professeur à l’Université de Rennes 2 et à Télécom ParisTech, anime la chaire «Modélisations des imaginaires, innovation et création» et dirige la collection éponyme chez Manucius.

La comédie humaine du travail. De la déshumanisation taylorienne à la surhumanisation managériale, Danièle Linhart, Éditions Erès (2015) : Avec Taylor, le « père » de l’organisation scientifique du travail, les ouvriers devenaient un rouage passif, astreint à une stricte conformité aux consignes et modes opératoires. Leur travail devait se dérouler indépendamment de leur état d’esprit, de leurs états d’âme et de leurs savoirs.  

Le management moderne semble aux antipodes d’une telle orientation. Il clame sa volonté de reconnaître la dimension humaine des salariés, mise sur leur subjectivité, leur personnalité et tend à « psychologiser » les rapports de travail. Pourtant Danièle Linhart soutient que la logique reste la même : dans les deux cas, s’organise en réalité une disqualification des métiers, de la professionnalité, de l’expérience qui tend à renforcer la domination et le contrôle exercés par les dirigeants. Le résultat est le même : un travail qui perd son sens, qui épuise. Pire encore, le travail moderne précarise subjectivement les salariés, qui, constamment mis à l’épreuve, sont conduits à douter de leur propre valeur et légitimité.

En rapprochant Taylor des managers modernes, l’auteur questionne cette idéologie qui prend de plus en plus de place dans la réalité du travail telle qu’elle se dégage à travers ses propres enquêtes et celles des spécialistes en sciences sociales du travail. Cet ouvrage a reçu le Prix de l’Écrit Social 2015.

La cité du travail. Le fordisme et la gauche, Bruno Trentin, Éditions Fayard (2015) : Quelles sont les raisons profondes de l’incapacité de la Gauche européenne à proposer une alternative crédible à l’ultralibéralisme ? Pourquoi semble-t-elle condamnée à « accompagner » sur le mode compassionnel la dégradation des conditions de vie et de travail engendrées par la globalisation ? Ou bien à chercher refuge dans des postures pseudo-révolutionnaires oublieuses de la faillite du communisme réel ? Ces interrogations sont au cœur de La Cité du travail, maître livre du grand intellectuel et syndicaliste Bruno Trentin (1926-2007). L’influence hégémonique exercée par le fordisme, le taylorisme – c’est-à-dire l’organisation scientifique du travail – sur la manière dont la Gauche a conçu le progrès permet de comprendre les impasses où elle s’enferre aujourd’hui : sa croyance dans l’autonomie du politique et la priorité qu’elle accorde à la conquête du pouvoir ; son indifférence à la question du travail ; sa soumission aux impératifs de la gouvernabilité ; et ses pratiques néocorporatistes. C’est donc l’identité même de la Gauche politique et syndicale que Trentin nous invite à repenser. Publié d’abord en italien en 1997, ce livre érudit est aussi une histoire de la conception du travail par la Gauche. Traduit de l’italien par la Fondation di Vittorio Coll. « Poids et mesures du monde » dirigée par Alain Supiot de l’Institut d’Études avancées de Nantes.

L’âge du faire. Hacking, travail, anarchie, Michel Lallement, Éditions Seuil (2015) : Fruit d’une enquête ethnographique menée dans la région de San Francisco, là où les chantres de la contre-culture libertaire côtoient les entrepreneurs de la Silicon Valley, ce livre plonge au cœur du mouvement faire (make). Il en décrit les origines historiques ainsi que ses multiples impacts sur l’économie et la société. Michel Lallement a partagé la vie des hackers, les a regardés inventer, bidouiller et s’organiser au quotidien dans des communautés frottées, pour certaines d’entre elles, aux principes de l’anarchisme. Il les a fait raconter et expliquer leurs vie, leurs choix, leurs idées. En expérimentant une utopie concrète, les hackers font plus qu’imaginer une autre manière de travailler. C’est une nouvelle grammaire du vivre ensemble que, sous nos yeux, ils sont en train de composer.

La société automatique. 1) L’Avenir du travail, Bernard Stiegler, Éditions Fayard (2015) : Le 19 juillet 2014, le journal Le Soir révélait à Bruxelles que selon des estimations américaines, britanniques et belges, la France, la Belgique, le Royaume-Uni, l’Italie, la Pologne et les États-Unis pourraient perdre entre 43 et 50 % de leurs emplois dans les dix à quinze prochaines années. Trois mois plus tard, le Journal du dimanche soutenait que trois millions d’emplois seraient condamnés à disparaître en France au cours des dix prochaines années. L’automatisation intégrée est le principal résultat de ce que l’on appelle « l’économie des data ». Organisant des boucles de rétroactions à la vitesse de la lumière (à travers les réseaux sociaux, objets communicants, puces RFID, capteurs, actionneurs, calcul intensif sur données massives appelées big data, smart cities et robots en tout genre) entre consommation, marketing, production, logistique et distribution, la réticulation généralisée conduit à une régression drastique de l’emploi dans tous les secteurs – de l’avocat au chauffeur routier, du médecin au manutentionnaire – et dans tous les pays.

Pourquoi le rapport remis en juin 2014 au président de la République française par Jean Pisani-Ferry occulte-t-il ces prévisions ? Pourquoi le gouvernement n’ouvre-t-il pas un débat sur l’avenir de la France et de l’Europe dans ce nouveau contexte ? L’automatisation intégrale et généralisée fut anticipée de longue date – notamment par Karl Marx en 1857, par John Maynard Keynes en 1930, par Norbert Wiener et Georges Friedmann en 1950, et par Georges Elgozy en 1967. Tous ces penseurs y voyaient la nécessité d’un changement économique, politique et culturel radical. Le temps de ce changement est venu, et le présent ouvrage est consacré à en analyser les fondements, à en décrire les enjeux et à préconiser des mesures à la hauteur d’une situation exceptionnelle à tous égards – où il se pourrait que commence véritablement le temps du travail.

Capitalisme, désir et servitude, Frédéric Lordon, Éditions La Fabrique, 2015 :  Comment un certain désir s’y prend-il pour impliquer des puissances tierces dans ses entreprises ? C’est le problème de ce qu’on appellera en toute généralité le patronat, conçu comme un rapport social d’enrôlement. Marx a presque tout dit des structures sociales de la forme capitaliste du patronat et de l’enrôlement salarial. Moins de la diversité des régimes d’affects qui pouvaient s’y couler. Car le capital a fait du chemin depuis les affects tristes de la coercition brute. Et le voilà maintenant qui voudrait des salariés contents, c’est-à-dire qui désireraient conformément à son désir à lui. Pour mieux convertir en travail la force de travail il s’en prend donc désormais aux désirs et aux affects. L’enrôlement des puissances salariales entre dans un nouveau régime et le capitalisme expérimente un nouvel art de faire marcher les salariés.

Compléter le structuralisme marxien des rapports par une anthropologie spinoziste de la puissance et des passions offre alors l’occasion de reprendre à nouveaux frais les notions d’aliénation, d’exploitation et de domination que le capitalisme voudrait dissoudre dans les consentements du salariat joyeux. Et peut-être de prendre une autre perspective sur la possibilité de son dépassement.

Reconnaissances du travail, pour une approche ergologique, sous la direction d’Yves Schwartz, Éditions Puf (2015) : Les changements, les « mutations » du travail, le chômage, l’emploi, la flexibilité, la mondialisation de l’économie, l’exclusion, la déréglementation… : la plupart des débats dits de société tournent autour de la substance, la place, l’avenir, la valeur du travail dans la vie sociale et ses équilibres.

Mais de quoi parle-t-on ? De quel droit s’autorise-t-on à dire que le travail a de la valeur ou n’en a plus, qu’il doit être ceci, ou cela ? La société ou la civilisation de demain que l’on se plaît à dessiner ainsi ne prend guère en compte le fait que les activités de travail, dans leur extrême diversité aujourd’hui, sont un élément majeur de la situation, elles reconfigurent nos possibles, nos valeurs, nos questions pertinentes. Si l’on veut faire un diagnostic sur l’état actuel de la vie sociale, les potentialités créatrices des populations, les risques possibles face aux choix stratégiques et politiques actuels, on ne peut s’épargner le détour par ce qui se joue maintenant dans les activités dites de travail ; et cela oblige à déplacer partiellement les démarches de connaissances, les processus d’élaboration des savoirs. Tout choix de concept, de méthode en la matière est aussi un choix éthique, la présupposition d’un certain modèle d’humanité. Dans la culture humaine, rien plus que ce qu’on appelle le travail ne contraint à affronter une position d’ « inconfort intellectuel », à repenser les rapports de l’histoire et du savoir. C’est ce que cet ouvrage appelle la « discipline ergologique » et qui motive son insatisfaction sur les régimes les plus courants de production de savoirs sur le travail humain. Il propose à la fois une réflexion épistémologique et critique sur les sciences humaines ; une mise en synergie de savoirs appartenant à de multiples disciplines autour de la connaissance du travail ; des protocoles de « rencontres du travail » dites aussi de « socratisme à double sens » associant pour la formation, la recherche ou l’intervention sur des situations vivantes, les interlocuteurs tous porteurs de culture et d’inculture spécifiques sur l’univers des activités économiques en crise et en recherche de nouveaux équilibres.

Le travail et l’émancipation, Karl Marx. Antoine Artous (textes choisis, présentés et commentés par), Éditions Sociales (2016) : Pour qui veut porter un regard critique sur le travail, son organisation et sa place dans nos sociétés, la confrontation avec Marx est incontournable. Non pas pour faire une exégèse savante des textes ou restituer une vérité qui aurait été cachée mais pour traiter des problèmes qu’il a rencontrés, des réponses qu’il a apportées, des contradictions auxquelles il s’est heurté.

Si le dispositif théorique mis en place par Marx a structuré l’horizon de la période historique passée, ses analyses sont toujours actuelles car le capitalisme c’est toujours l’assujettissement des individus à une production dominée par la valorisation marchande et le développement de la précarité et de l’insécurité sociale. S’il est toujours indispensable de remettre en cause l’organisation capitaliste du travail tout en se battant pour le droit à l’emploi, il est également nécessaire de jeter un regard critique sur un mouvement ouvrier qui a, trop souvent, valorisé le travail.

Et au-delà sur une perspective d’émancipation tout entière centrée sur la réorganisation de la vie sociale autour d’une production enfin libérée de la domination du capital. Si Marx n’a pas échappé à cette vision, il trace toutefois un autre horizon dont l’actualité est étonnante. Celui d’une émancipation pensée à travers une dialectique du temps de travail et du temps libre, permise par une réduction massive du temps de travail. Il s’agit alors de libérer le travail mais aussi de se libérer du travail.

C’est à une lecture de Marx que nous invite l’auteur en la liant aux débats contemporains, mobilise des auteurs tels que Pierre Naville, Jean-Marie Vincent, André Gorz ou Dominique Méda.

Marx et la loi Travail. Le corps biopolitique du Capital, Jacques Bidet, Éditions Sociales (2016) : Dans ce bref ouvrage, Jacques Bidet analyse en détail la façon dont la lutte ouvrière pour obtenir la journée de 10 heures de travail en Angleterre dans les années 1840-1850 a nourri les réflexions de Marx dans Le Capital. En visant la vie concrète des ouvriers, écartelée entre « l’affrontement politique » et « l’efficience économique » (p. 11), l’auteur entend reconstituer la « biopolitique du travail » que Marx aurait théoriquement fondée. Il peut paraître surprenant de prêter à l’auteur du Capital une philosophie des corps et de leurs ajustements politiques qui se rapproche des propositions de Michel Foucault. Mais Jacques Bidet a déjà montré, précédemment, que la complémentarité entre l’analyse économique du Capital et l’étude philosophique des gouvernementalités du somatique était politiquement et heuristiquement fructueuse.

Qu’est-ce qu’un régime de travail réellement humain ?, Pierre Musso et Alain Supiot (sous la direction de), Éditions Hermann (2018) : Qu’est-ce qu’un «  régime réellement humain du travail  »  ? Quelles sont les significations philosophiques, religieuses et les représentations artistiques du travail ? Cet ouvrage traite des concepts et des conceptions du travail humain, des images, des rythmes et des régimes contemporains du travail.

L’Organisation internationale du travail fut créée il y a un siècle, sur le constat «  que la non-adoption par une nation quelconque d’un « régime de travail réellement humain » fait obstacle aux efforts des autres nations désireuses d’améliorer le sort des travailleurs dans leurs propres pays  ». Il s’agissait alors d’instituer une police sociale de la concurrence internationale, propre à empêcher que celle-ci ne détériore les conditions de travail des hommes. Avec la «  globalisation  », le régime du travail dépend des échanges internationaux, provoquant une extension du travail salarié, mais aussi la déstabilisation de ses formes traditionnelles, la montée en puissance du chômage et d’un travail dit «  informel  ». La révolution numérique et les nouvelles formes de «  rationalisation  » du travail donnent jour à des types inédits d’aliénation et de risques pour la santé, mais peuvent ouvrir des opportunités nouvelles pour une plus grande liberté dans le travail.

Libérer le travail. Pourquoi la gauche s’en moque et pourquoi ça doit changer, Thomas Coutrot, Éditions Seuil (2018) : La moitié des Français expriment un mal-être au travail. Une organisation néo-taylorienne soumise au rendement financier est en train de détruire notre monde commun. Cette machine à extraire le profit écrase le travail vivant : celui qui mobilise notre corps, notre intelligence, notre créativité, notre empathie et fait de nous, dans l’épreuve de la confrontation au réel, des êtres humains. Contre les « réformes » néolibérales du travail, on a raison de lutter. Mais pour défendre les conquêtes du salariat et prendre soin du monde, il nous faut repenser le travail. Nous avons besoin d’un souffle nouveau, d’un « avenir désirable ». La liberté, l’autonomie, la démocratie au travail, doivent être replacées au cœur de toute politique d’émancipation.

La gauche politique et syndicale a trop longtemps privilégié le pouvoir d’achat au pouvoir d’agir dans le travail. Paradoxalement, les innovations dans ce domaine sont d’abord venues des managers : « l’entreprise libérée » inspire des initiatives patronales souvent futiles et parfois stimulantes. Des consultants créatifs proposent des modèles « d’entreprise autogouvernée » plus audacieux que les rêves autogestionnaires les plus fous. Mais surtout, des expériences multiples fleurissent un peu partout inspirées du travail collaboratif, du care, de la construction du commun, qui sont autant d’écoles d’une démocratie refondée. Et si on libérait le travail, vraiment ? C’est possible : ce livre en fait la démonstration !

Le Travail, Dominique Méda, Que sais-je ? (2018) : Le développement du chômage l’a montré : travailler est une norme. Dans nos sociétés occidentales, le travail est le principal moyen de subsistance mais aussi une part essentielle des occupations de chacun. L’ordre social s’organise autour de lui. En a-t-il toujours été ainsi ? Assiste-t-on, aujourd’hui, avec la réduction du temps de travail, à une remise en cause de sa valeur ? Va-t-on vers de nouvelles formes de travail ?

En croisant les regards historiques et philosophiques avec les résultats des enquêtes sociologiques et économiques les plus récentes, cet ouvrage interroge notre rapport au travail et, battant en brèche les idées reçues, nous invite à repenser sa nature ainsi que la place qu’il prend dans nos vies.

Le facteur humain, Christophe Dejours, Que sais-je ? (2018) Première publication 1995 : Le « facteur humain » est l’expression par laquelle les spécialistes de la sécurité des personnes et de la sûreté des installations désignent le comportement des hommes au travail. Il est fréquemment invoqué dans l’analyse des catastrophes industrielles, des accidents du travail, et dans les procès ou les commissions d’enquête. On lui associe l’idée de faute. Paradoxalement, cette conception négative de l’intervention humaine repose sur une confiance sans faille dans la technique, et sur une méconnaissance des sciences humaines. Cet ouvrage récapitule les progrès réalisés dans les sciences de l’homme au travail, afin de formuler une doctrine plus nuancée que celle de l’école des « human factors », dans les années 1950.

Tempête sur les représentations du travail, Laurence Decréau, Editions Presse des mines (2018) : «Ouvrier, moi ? Jamais! » Tel semble être le cri du cœur de nombre de jeunes. Tout leur vaut mieux que travailler «à l’usine», synonyme de chômage, pénibilité, salaire minimum et relégation sociale. Or, ces représentations sont en décalage total avec la réalité. L’usine d’autrefois tend à céder la place à une hyper-industrie dominée par des machines sophistiquées et des robots pilotés par des logiciels complexes que doivent surveiller les hommes. Pas d’accès possible à ces postes qualifiés sans formation technique approfondie. Ce n’est plus à l’usine que vont désormais les moins qualifiés, elle n’a plus de poste à leur offrir,mais dans les services – centres d’appels, restauration rapide, logistique, distribution, services à la personne – gourmands d’une abondante main d’œuvre interchangeable et souvent précaire.

Parcours de travailleurs dans une économie mondialisée, Eugénie Tenezakis, Philippe Focrain, Éditions Presses des mines (2018) : Les avantages économiques de la mondialisation sont solidement établis: elle est associée à la croissance économique, à l’augmentation de la productivité des firmes ou encore à l’élargissement de l’éventail de produits accessibles aux consommateurs. La mondialisation joue peu sur le volume global d’emplois à long terme, mais les économistes admettent qu’elle ne bénéficie pas à tous les travailleurs: elle crée des gagnants et des perdants. L’intensification du commerce international, au même titre que l’essor des nouvelles technologies, contribue à la hausse des inégalités salariales et modifie la structure de l’emploi. En outre, du fait de la concentration géographique des activités exposées à la concurrence internationale, les effets négatifs de la mondialisation peuvent être concentrés sur un petit nombre de territoires et d’individus, ce qui les rend très visibles.

Électrique. Les femmes et les hommes d’EDF, Blandine Bricka, Éditions de l’Atelier (2018) : À EDF, on n’est pas seulement électricien mais chaudronnier, chimiste, médecin du travail, secrétaire, agent de conduite de centrale nucléaire, technicien de maintenance qui répare les machines, agent de sécurité qui surveille les sites, ingénieur qui les sécurise…

Ils-elles travaillent à Chinon, Lyon, Tours, Cordemais, Flamanville, Marckolsheim ou en Martinique… Ils-elles racontent dans ce livre la diversité de leurs métiers, du plus attendu – le technicien d’exploitation, la conseillère clientèle – vers le plus insolite – l’éclusier qui fait passer les bateaux sur le Rhin.

Presque toutes celles et tous ceux qui prennent la parole ont le sentiment de ne pas faire un métier comme un autre. Conséquence de la sécurité extrême qui entoure chacun de leurs gestes, du gigantisme des installations aussi, sur lesquelles ils-elles font un travail d’horloger.

Ils-elles parlent de leur activité avec passion et liberté, mais aussi de leur vision du service public, des évolutions de l’entreprise. Sans cacher leurs interrogations et leurs doutes légitimes.

Dans ce livre, chaque métier se comprend à la lumière des autres par le biais de métaphores. L’agent de conduite parle de son circuit comme d’un gros coeur tandis que le médecin du travail passe son temps à mettre de l’huile dans les rouages du système… Ces hommes et ces femmes font découvrir la face méconnue de la production de l’électricité.

Le Droit du travail, Alain Supiot, Que sais-je ? (2019) : Détenir les clés d’intelligibilité du droit du travail est aussi important d’un point de vue pratique, pour qui est engagé dans la vie professionnelle, que d’un point de vue théorique, pour qui veut comprendre les bases juridiques de l’économie de marché et les grands problèmes sociaux contemporains.

Organisé autour des concepts fondamentaux du droit du travail (contrat de travail, liberté professionnelle, subordination, représentation, négociation et action collective, temps de travail, salaire, sécurité physique et de l’emploi), cet ouvrage replace aussi ce droit dans une perspective historique et internationale.

Du silence à la parole, une histoire du droit du travail de 1830 à nos jours, Jacques Le Goff Éditions Presse universitaire, de Rennes (2019) : Ce livre est le récit passionné et passionnant de l’émancipation du monde du travail : il raconte de manière vivante son histoire, il montre comment la société française s’est construite dans la recherche de délicats compromis entre l’ordre économique et celui de la justice sociale, il décrit les configurations successives qui ont porté le travail d’élaboration légale. Cette 4e édition comporte trois nouveaux chapitres pour la période depuis le début des années 2000 et elle n’élude pas la question de la place et du sens du travail dont dépend la configuration d’un droit en proie à une évidente incertitude statutaire.

La vie solide : la charpente comme éthique du faire, Arthur Lochman, Éditions Payot (2019) : Arthur Lochmann a délaissé ses études de droit et de philosophie pour devenir charpentier. En apprenant le métier, il a découvert des gestes, des techniques et une pensée de la matière qui ont transformé son rapport au monde. Ce récit d’apprentissage plein d’humilité entremêle souvenirs de chantiers et réflexions sur le corps, le savoir et le travail aujourd’hui. Avec une langue limpide et élégante, l’auteur montre comment la pratique de cet artisanat lui a donné des clés précieuses pour s’orienter dans une époque frénétique. Parce qu’apporter du soin à son travail, c’est déjà donner du sens à son action ; qu’apprendre et transmettre des savoirs anciens, c’est préserver un bien commun ; et que bien bâtir, c’est s’inscrire dans le temps long : la charpente est une éthique pour notre modernité.

Les Nouveaux Travailleurs des applis, Dominique Méda, Sarah Abdelnour, Éditions Puf (2019) : Deliveroo, Uber, Etsy, Foule Factory, etc. : autant d’applications et de plateformes en ligne qui prétendent bouleverser nos façons de consommer. Mais qu’en est-il de nos manières de travailler ?

Plus qu’une innovation technique, les plateformes numériques apparaissent comme le lieu d’une redéfinition des règles du jeu en matière d’emploi et de travail. Entre marchandisation des activités de loisir et gratuité du travail, le « capitalisme de plate­formes » participe de l’émergence de formes renouvelées, voire exacerbées, de sujétion des travailleurs. Loin des idéaux d’une prétendue « économie du partage », n’assiste-t-on pas au déploiement de nouvelles dynamiques du capitalisme avancé ? À partir d’enquêtes sur les chauffeurs et livreurs, ou encore sur les chefs à domicile, cet ouvrage met au jour la tâcheronnisation des travailleurs et l’extension du domaine du travail, tout en analysant les résistances et les régulations de ces nouvelles activités.

Le travail en mouvement, Émilie Bourdu, Michel Lallement, Pierre Veltz, Thierry Weil, Éditions Presse des mines (2019) : Depuis plusieurs années, les indices d’une vaste recomposition du travail n’ont cessé de se multiplier. Outre la révolution numérique dont nous commençons à peine à percevoir et à anticiper les effets multiples, il faut compter avec de nouvelles formes de gestion des activités productives qui en appellent à toujours plus d’engagement au travail, de responsabilités sociales, de collaborations horizontales… À l’image des transformations qui affectent les lieux comme les temps des pratiques professionnelles, ce sont les frontières mêmes du travail qui sont aujourd’hui en train de bouger. L’examen du marché du travail tout comme celui des relations sociales qui le soutiennent persuadé qu’en ces domaines également les pratiques évoluent, comme les règles qui, demain, configureront les activités productives.

Dix concepts pour penser le nouveau monde du travail, Collectif sous la direction de Daniel Mercure et Mircea Vultur, Éditions Presse de l’Université de Laval (2019) : Au cours des dernières décennies, de nombreux changements économiques, politiques et culturels ont bouleversé la nature du travail, la manière de l’organiser ainsi que la relation d’emploi. Ces transformations nécessitent de revoir, de critiquer et d’actualiser les principaux concepts à partir desquels la sociologie analyse le monde du travail. Dans cet ouvrage, les concepts revisités sont les suivants : salariat, précarité, informalité, conflit, contrôle et organisation du travail, qualification et compétence, rapport au travail, parcours professionnel, insertion professionnelle, temporalités. Chacun des concepts retenus est analysé selon une perspective critique, qui consiste   à remettre en question les assises théoriques et empiriques de ceux-ci, et une perspective analytique,   qui vise à arrimer ces concepts fondamentaux aux nouvelles réalités du monde du travail.

Le travail n’est pas une marchandise. Contenu et sens du travail au XXIe siècle, Alain Supiot, Éditions Collège de France (2019) : Ce n’est ni en défaisant l’État social ni en s’efforçant de le restaurer comme un monument historique que l’on trouvera une issue à la crise sociale et écologique. C’est en repensant son architecture à la lumière du monde tel qu’il est et tel que nous voudrions qu’il soit. Et, aujourd’hui comme hier, la clé de voûte sera le statut accordé au travail.

Face à la faillite morale, sociale, écologique et financière du néolibéralisme, l’horizon du travail au xxie siècle est celui de son émancipation du règne exclusif de la marchandise. Comme le montre le cas du travail de recherche, les statuts professionnels qui ont résisté à la dynamique du Marché total ne sont donc pas les fossiles d’un monde appelé à disparaître, mais bien plutôt les germes d’un régime de travail réellement humain, qui fasse place au sens et au contenu du travail – c’est-à-dire à l’accomplissement d’une œuvre.

Le travail au XXIe siècle, Alain Supiot (collectif : contributions pluridisciplinaires de chercheurs du monde entier à l’occasion du centenaire de l’OIT, sous la direction de), Éditions de l’Atelier (2019) : Quel est l’avenir du travail ? À l’heure du développement de l’intelligence artificielle et des plates-formes numériques, sommes-nous condamnés à être au service des machines ou pouvons-nous, au contraire, les mettre à notre service ? À l’heure du péril écologique, comment travailler sans, dans le même temps, détruire la planète ? Alors que des accords transcontinentaux favorisent la concurrence au plus bas prix, est-il possible d’appliquer des normes sociales permettant un travail décent ? Et comment élaborer des règles qui, au lieu d’être des vecteurs d’une globalisation uniformisante, tiennent compte de la diversité des formes et expériences du travail dans les différents pays du monde ?

Réunissant vingt et un auteurs du monde entier, conçu, dirigé et introduit par Alain Supiot, ce Livre du centenaire de l’Organisation internationale du Travail (OIT) dresse un panorama inédit du travail au XXIe siècle et pose les questions essentielles qui détermineront son avenir. Révolution technologique, péril écologique, ordre juridique international schizophrène sont autant de défis à relever pour qu’advienne, au XXIe siècle, le « régime de travail réellement humain » projeté par la Constitution de l’OIT en 1919.

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